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Writer's pictureTowanou Johannes

Togo / proposition de changement constitutionnel : présidence à vie pour Faure Gnassingbé ?


Au Togo, les rumeurs d'une révision constitutionnelle suscitent des débats enflammés au sein de la société. Cette proposition, initiée par un groupe de parlementaires, envisage une transformation significative du paysage politique togolais.


Si elle est adoptée, elle modifiera profondément la structure et la répartition des pouvoirs au sein de l'État. En effet, la réforme proposée vise à instaurer un régime parlementaire, marquant ainsi une transition notable de la présidence vers un Premier ministre doté de pouvoirs exécutifs élargis.


Des pouvoirs élargis pour le premier ministre


Sous cette nouvelle configuration, le Premier ministre, rebaptisé "président du conseil des ministres", serait élu par l'Assemblée nationale et assumerait des responsabilités étendues dans la conduite des affaires nationales.


Cette proposition soulève des questions cruciales sur l'équilibre des pouvoirs et la nature même du leadership politique au Togo. En effet, le transfert de certaines prérogatives du président vers le Premier ministre pourrait redéfinir les dynamiques de gouvernance et favoriser une plus grande responsabilité politique devant le parlement.


Quid du président de la République ?


Une autre modification majeure concerne le mode de désignation du président de la République. Contrairement à la pratique actuelle du suffrage universel direct, la nouvelle constitution propose que le président soit élu par l'Assemblée nationale.


Cette transition vers un système parlementaire renforce l'importance de l'organe législatif dans la désignation des plus hautes fonctions de l'État.


Quelle est la position de l'opposition ?


Cette proposition n'est pas sans susciter de vives critiques et oppositions. L'Alliance Nationale pour le Changement (ANC) a exprimé son désaccord, qualifiant cette initiative de "coup d'État constitutionnel".


Pour l'ANC, il s'agit d'une atteinte à la souveraineté du peuple togolais et d'une manipulation de la légitimité parlementaire.


Que recherche Faure Gnassingbé à travers cette nouvelle réforme ?


La proposition visant à instaurer un régime parlementaire et à prolonger le mandat présidentiel, suscite naturellement des questions sur les motivations du président Faure Gnassingbé et son influence potentielle sur ce processus.


La prolongation du mandat présidentiel de cinq à sept ans, avec la possibilité d'une réélection, pourrait être interprétée comme une tentative de consolidation du pouvoir par Faure Gnassingbé. En prolongeant son mandat, il cherche peut-être à consolider sa position politique et à étendre son influence sur la gouvernance du pays pour une durée plus longue.


En proposant un changement vers un régime parlementaire, où le Premier ministre aurait un rôle renforcé, Faure Gnassingbé pourrait être perçu comme cherchant à orchestrer une transition politique contrôlée. En transférant une partie du pouvoir exécutif au Premier ministre, il pourrait maintenir une certaine emprise sur le gouvernement tout en répondant aux appels à une gouvernance plus démocratique.


La modification de la constitution pour éliminer la clause limitant le nombre de mandats présidentiels peut être interprétée comme une stratégie de Faure Gnassingbé pour prolonger son règne au-delà des deux mandats actuels. En supprimant cette disposition, il se donne la possibilité de se présenter à nouveau aux élections présidentielles sans être entravé par des restrictions constitutionnelles.


Au total, la volonté du président Faure Gnassingbé à travers cette nouvelle constitution semble être celle de consolider son pouvoir, de diriger une transition politique contrôlée tout en maintenant une présence politique durable.


La réforme proposée offre des opportunités pour une gouvernance plus démocratique, mais suscite également des préoccupations quant à la consolidation du pouvoir présidentiel et à l'avenir de la démocratie au Togo.

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