Terrorisme et crime organisé: l’Afrique de l’Ouest s’empare de son destin
- Towanou Johannes
- Apr 11
- 4 min read

L’Afrique de l’Ouest vient d’opérer un virage décisif dans son combat contre la criminalité transnationale et le terrorisme.
À travers la remise officielle du Système d’Information Policière de l’Afrique de l’Ouest (WAPIS) aux autorités nationales et régionales, les pays membres de la CEDEAO prennent désormais le contrôle d’un instrument essentiel de sécurité collective.
Cette cérémonie marquante, tenue à Abuja, a symbolisé un moment fort de souveraineté régionale et de maturité institutionnelle face aux menaces sécuritaires multiples qui pèsent sur la région.
Un outil né d'une coopération internationale soutenue
Le WAPIS a été lancé en 2012 grâce au financement de l’Union Européenne et à la mise en œuvre technique de l’Organisation Internationale de Police Criminelle (INTERPOL).
Il s'agit une plateforme centralisée pour collecter, enregistrer, stocker, analyser et partager en temps réel les données policières entre les États de la CEDEAO.
Aujourd’hui, plus de 700 000 dossiers numérisés ont été intégrés dans cette base de données, ce qui en fait un outil stratégique incontournable dans la lutte contre le crime organisé, le terrorisme, le trafic d’armes, la traite humaine et les cybermenaces.
Une passation chargée de symbolisme politique
L’événement n’était pas qu’une formalité technique. Il a cristallisé la volonté politique des dirigeants de la sous-région à renforcer la coopération sécuritaire régionale.
Le Ministre nigérian des Affaires Policières, Dr Ibrahim Gaidam, a réaffirmé l’engagement du Nigeria à assumer pleinement sa part de responsabilité :
« Nous reconnaissons le rôle crucial du WAPIS dans notre architecture de sécurité et sommes déterminés à assurer son succès continu. »
Un message fort qui témoigne de la prise de conscience collective de la nécessité de disposer d’outils souverains, efficaces et bien gérés pour affronter les défis sécuritaires contemporains.
La CEDEAO affirme sa vision stratégique pour la sécurité
S’exprimant au nom du Président de la Commission de la CEDEAO, S.E. Dr Omar Alieu Touray, le Commissaire aux Affaires Politiques, à la Paix et à la Sécurité, Dr Abdel-Fatau Musah, a donné une portée historique à cette transition :
« Que ce système soit un héritage de collaboration, mais surtout, un témoignage de notre volonté politique de sécuriser la région pour les générations à venir. »
Une déclaration forte qui ancre le WAPIS non seulement comme un outil opérationnel, mais aussi comme un symbole d’indépendance régionale en matière de sécurité.
INTERPOL reste un partenaire de confiance
Pour l’Organisation Internationale de Police Criminelle, cette remise ne marque pas un retrait, mais une nouvelle étape.

Le Directeur Exécutif des Services de Police d’INTERPOL, M. Cyril Gout, a insisté sur le rôle continu de son organisation :
« Cette remise ne signifie pas la fin, mais le début d’un nouveau chapitre où INTERPOL continue de se tenir aux côtés de l’Afrique de l’Ouest pour assurer le succès du système. »
Ainsi, la passation s’effectue dans une logique de continuité, avec un accompagnement technique qui se poursuivra pour garantir la stabilité et l’efficacité du dispositif.
L’Union Européenne confirme son engagement pour une région plus sûre
Au nom de l’Union Européenne, S.E. Gautier Mignot, Ambassadeur de l’UE au Nigeria et auprès de la CEDEAO, a tenu à souligner l’importance du partenariat entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest en matière de sécurité :
« Notre investissement dans le WAPIS reflète notre engagement pour une Afrique de l’Ouest plus sûre. Nous avons confiance que les États membres préserveront et développeront cet héritage. »
Ces propos illustrent un soutien durable et une reconnaissance du rôle central de la CEDEAO dans la stabilisation de la région.
Une mobilisation institutionnelle forte et coordonnée
La cérémonie a réuni des personnalités et experts de haut niveau, chacun jouant un rôle essentiel dans cette dynamique.
Dr Isaac Armstrong, responsable de programme à la Direction du Maintien de la Paix et de la Sécurité Régionale de la CEDEAO, a rappelé la dimension stratégique du projet dans ses remarques d’ouverture.

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