Succès Masra, chef de file de l’opposition tchadienne rentrait d’exil le 3 novembre 2023, après avoir passé un an loin de son pays. Sous médiation congolaise et implication personnelle de Felix Tshisekedi, son retour a pu se faire ainsi qu’une rencontre avec le président de transition, le général Mahamat Idriss Deby.
Une entrevue qui laissait présager de discussions entre les deux hommes et potentiellement de beaucoup plus pour celui qui était considéré jusqu’à son départ du pays, comme la bête noire du régime. En effet, il était l’une des principales personnes à avoir appelé à manifester le 20 octobre 2022.
Une manifestation qui a viré au drame puisque violemment réprimée. Le bilan faisait état d’une cinquantaine de morts et plus de 100 blessés selon le gouvernement. Bilan d’ailleurs contesté par l’opposition, Succès Masra affirmant lui-même que le nombre de morts avoisinait 70.
Des positions désormais plus proches ?
Sauf que désormais, Mahamat Deby et Succès Masra semblent avoir des points de concordance. Ce dernier a d’ailleurs décidé de répondre oui au référendum dont la campagne est actuellement en cours dans le pays, une décision qui peut paraître surprenante à première vue.
L’opposant a tenu toutefois à expliquer sa position, motivée dit-il par l’avis de la population tchadienne. "Lorsque nous avons demandé aux Tchadiennes et Tchadiens s'ils voulaient une prolongation de la transition et un nouveau projet constitutionnel, la réponse a été quasi unanime : non. Ils ne souhaitent plus d'ajournement du processus", a justifié Masra.
Le texte pour lequel Succès Masra appelle désormais les tchadiens à voter n’est pas parfait pour autant. Toutefois, il représente une avancée selon lui sur des questions essentielles. "Elle permet l'élection des gouverneurs, contrairement à celle de 1996. Elle est meilleure que celle de 2020 qui fixait l'âge de candidature à 40 ans, source de division."
Succès Masra bientôt dans la mouvance ?
Le retour au pays et la rencontre avec le président de transition avaient annoncé la couleur. Dès son arrivée, l’opposant avait aussi annoncé être rentré pour « unir le Tchad pour que la justice, l’égalité et la diversité puissent triompher dans ce pays». Des propos qu’il semble désormais mettre en œuvre.
Aussi semble-t-il qu’il y ait désormais un « pacte » avec le pouvoir en place. Son oui au référendum du 17 décembre et la perspective d’élections en 2024 en sont des indicatifs. Du côté du régime, l’accord semble être de garantir en retour sa sécurité tant juridique que physique et de faciliter ses activités politiques. De là à voir une coalition entre le parti Les Transformateurs et le régime du président Mahamat Deby ?
Donnez-vous votre avis en commentaire.
Comments