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Writer's pictureTowanou Johannes

Sénégal : près de 300 pro Macky Sall interdits de voyage


Le Sénégal entre dans une phase décisive de son histoire avec la mise en place d’un dispositif inédit pour renforcer la lutte contre les crimes économiques. Le 17 septembre 2024, vingt-sept magistrats spécialisés ont été nommés au sein du tout nouveau « pool judiciaire financier ». Cette entité, destinée à traiter les affaires de corruption, de détournement de fonds et de blanchiment d’argent, marque une rupture avec l’ancienne Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), désormais jugée inadaptée aux réalités actuelles.


La création d’un pool judiciaire spécialisé


La mise en place de ce pool judiciaire est saluée comme une avancée majeure. Les 27 magistrats qui composent cette équipe sont des experts dans les affaires économiques complexes, souvent liées à des réseaux internationaux.


Cette institution remplace la CREI, une juridiction critiquée pour son manque d’efficacité face aux nouvelles formes de délinquance financière.


Le secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la Justice, Baye el-Malick Diop, justifie cette réforme :


« La nature des infractions financières a considérablement évolué. Il était nécessaire de disposer d’une structure spécialisée, capable de répondre aux défis du moment. »


Ce nouveau cadre légal incarne donc une justice plus adaptée, avec des procédures renforcées et des garanties d’impartialité.


Des restrictions strictes pour les anciens dignitaires


Dans le cadre de cette nouvelle dynamique judiciaire, près de 300 anciens responsables de l’ère Macky Sall sont visés par des interdictions de sortie du territoire.


La Direction de la Police de l’Air et des Frontières (DPAF) a ainsi pris des mesures pour empêcher toute fuite de ces personnalités, souvent accusées de malversations financières ou de détournements de fonds publics.


Parmi les individus concernés figurent des figures de proue de l’ancien régime, telles que Samuel Sarr, Farba Ngom, Moussa Sow « Puma », Lat Diop, Gabrielle Kane, Mansour Faye, Cheikh Oumar Hanne, Me Moussa Bocar Thiam, Abdoulaye Seydou Sow, Aliou Sall, Mame Boye Diao, Mamour Diallo, Mamadou Guèye, Manar Sall, Félix Antoine Dionne, Mame Mbaye Niang et bien d’autres.



Certaines de ces figures ont déjà quitté le territoire, notamment Mame Mbaye Niang, qui a réussi à échapper aux filets de la justice en se trouvant à l’étranger.


Toutefois, les nouvelles autorités restent vigilantes et déterminées à faire respecter les mandats d’amener émis par les différentes juridictions du pays.


La menace d’une déstabilisation


Au-delà des accusations de détournements et d’enrichissement illicite, de sérieuses craintes pèsent sur les intentions de certains anciens dignitaires.


Les autorités craignent que ces figures, bénéficiant encore d’importantes ressources financières, ne tentent de déstabiliser le Sénégal depuis l’étranger.


Le gouvernement en place, dirigé par Ousmane Sonko, ne ménage aucun effort pour prévenir une telle éventualité, renforçant les mesures de sécurité et de surveillance à travers le pays.


Macky Sall face à la justice internationale


L’ancien président Macky Sall se retrouve désormais au cœur de ce tourbillon judiciaire.


Ses douze années au pouvoir ont été marquées par des soupçons de corruption et d’enrichissement personnel.


Des sources proches du nouveau régime estiment sa fortune à plus de mille milliards de francs CFA.


Mais ce n’est pas seulement pour des infractions économiques que Macky Sall est poursuivi.


Il est également accusé de crimes contre l’humanité, avec plus de 80 décès recensés lors des manifestations politiques sous son régime.


Ces accusations ont conduit des organisations de défense des droits humains à saisir la Cour pénale internationale (CPI), exigeant l’ouverture d’une enquête sur les exactions commises durant la présidence de Macky Sall.


Cette procédure rappelle celle intentée contre l’ancien président tchadien Hissène Habré, jugé et emprisonné au Sénégal pour crimes contre l’humanité.


Macky Sall, autrefois traqueur des dictateurs africains comme Yaya Jammeh, pourrait à son tour faire face à des poursuites similaires.


Une justice sous pression


L’installation du nouveau pool judiciaire financier représente un espoir pour la population sénégalaise, longtemps exaspérée par les affaires de corruption non résolues.


Le défi pour cette institution est immense : démontrer que la justice est capable de s’attaquer aux crimes économiques et de rétablir la confiance des citoyens dans l’appareil judiciaire.


Les premiers résultats de cette structure seront scrutés de près, tant au Sénégal qu’à l’international.

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