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Writer's pictureTowanou Johannes

Sénégal : Macky Sall recadre sèchement Ousmane Sonko


L'ancien président sénégalais Macky Sall a vigoureusement contesté les critiques formulées par le Premier ministre Ousmane Sonko concernant la gestion économique de son administration. Ce mardi 15 octobre 2024, lors d’un entretien à Londres avec Bloomberg, Macky Sall a défendu son bilan, réfutant les conclusions d'un audit réalisé par le nouveau régime, qui a révélé une sous-estimation de la dette publique et du déficit budgétaire. Selon l’ancien chef d’État, les accusations d'Ousmane Sonko sont infondées et ont conduit à une dégradation de la note de crédit du Sénégal.


Macky Sall défend son bilan avec fermeté


Lors de l’entretien, Macky Sall a fermement réfuté les déclarations du Premier ministre en les qualifiant de "totalement fausses" et a directement pointé du doigt les répercussions négatives sur l'économie nationale :


« Je regrette les propos du Premier ministre qui sont totalement faux et qui ont conduit à une dégradation de la note du Sénégal. J’ai quitté un pays où les indicateurs étaient au vert. »


Il a ajouté que les allégations actuelles ne reflètent pas la réalité des progrès réalisés sous son administration.


L'ancien président a tenu à rappeler que le recours à l’endettement est inévitable pour financer le développement d’un pays en croissance.


« Il ne faut pas se mettre dans la tête que l’on peut se développer sans dette, ce n’est pas possible ».


Pour lui, il est important de « ne pas confondre emprunter pour financer le développement et parler de surendettement », soulignant que les investissements réalisés durant ses mandats ont eu des impacts visibles sur le développement du Sénégal.


Un diagnostic contrasté avec celui du nouveau gouvernement


Les déclarations de Macky Sall s'inscrivent dans un contexte de débat houleux sur l'état de l'économie sénégalaise.


Ousmane Sonko, devenu Premier ministre, avait récemment présenté la veille, les conclusions d'un audit mené par le nouveau régime, qui mettait en lumière des données économiques alarmantes.


Selon Sonko, le ratio de la dette par rapport au PIB s'élevait en moyenne à 76,3 % sur les cinq dernières années, bien au-dessus des 65,9 % annoncés par l'administration précédente.


Il a également fait état d’un déficit budgétaire qui aurait atteint 10 % du PIB à la fin de 2023, soit près du double des chiffres communiqués auparavant.


Sonko avait profité de la présentation du plan « Sénégal 2050 » pour lister les « grands maux du Sénégal », pointant du doigt un modèle économique qui, selon lui, ne crée pas suffisamment de valeur ajoutée.


« C’est une croissance d’à peine 0,4 % en moyenne du PIB. Une gouvernance qui ne favorise pas l’éclosion ».


Il avait également souligné les faibles performances du secteur privé, avec seulement 10 entreprises pour 10 000 habitants au Sénégal, contre 500 au Maroc et 709 à Singapour.


Les réalisations de Sall remises en question


En réponse aux critiques, Macky Sall a insisté sur le fait que les réalisations de son administration étaient tangibles et qu'elles ne devraient pas faire l'objet de débat :


« Les résultats des investissements de mon administration sont tellement visibles qu’il ne devrait même pas y avoir de débat. »


Alors qu'il était encore aux affaires, Macky Sall a longtemps vendu des projets structurants qui, selon lui, illustrent les progrès significatifs accomplis en matière d'infrastructures.


Vers un nouveau modèle de développement ?


Les divergences de vue entre Macky Sall et Ousmane Sonko ne sont pas simplement une question de chiffres, mais reflètent des approches fondamentalement différentes quant au développement économique du Sénégal.


Le référentiel « Sénégal 2050 » introduit par le nouveau gouvernement propose un modèle de transformation systémique, mettant l’accent sur l’indépendance économique, la valorisation des ressources locales et une approche plus rigoureuse de la gestion des finances publiques.


Ousmane Sonko plaide pour mettre fin à la dépendance à l'égard de la dette extérieure et pour rompre avec ce qu'il qualifie de "course d'une réforme à une autre".


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