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Writer's pictureTowanou Johannes

Sénégal : Juan Branco tacle Diomaye Faye et Ousmane Sonko

Maître Juan Branco et Ousmane Sonko

Lors d’une intervention médiatique récente, l’avocat et activiste français Juan Branco a livré une critique cinglante du protocole réservé au président sénégalais lors de sa visite à Paris. Ancien avocat du Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, qu’il a défendu lors de son bras de fer avec le régime de l’ex-président Macky Sall, Juan Branco a dénoncé des pratiques qu’il considère comme une “atteinte à la dignité” et un signe d’une diplomatie encore “asservie” à des dynamiques néocoloniales.


Une réception jugée indigne et humiliante


Juan Branco n’a pas mâché ses mots en décrivant la scène de réception du président sénégalais au Quai d’Orsay.


Selon lui, le traitement réservé au chef de l’État sénégalais a été marqué par un profond manque de considération :


“J’ai été très frappé par les images du président de la République reçu dans un petit salon du Quai d’Orsay (...), un niveau qui était insultant à l’égard de ses fonctions et de son importance.”

Il a particulièrement fustigé la disposition protocolaire, rappelant que le président sénégalais a été assis à la même table qu’un directeur d’administration française, un détail qu’il juge “proprement inacceptable”.


Branco a également rappelé l’histoire prestigieuse de ce lieu, construit au XIXe siècle pour recevoir des monarques étrangers.


“L’hôtel du ministre du Quai d’Orsay avait été construit pour recevoir les dignitaires étrangers (...). Il y a une chambre d’eau toute en argent, une autre en or. Et c’est dans l’une de ces salles qu’a été reçu le président du Sénégal.”

Une promesse de rupture diplomatique évanouie


Pour Juan Branco, l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement sénégalais incarnait un espoir de rupture diplomatique avec la France.


Pourtant, selon lui, les promesses de changement sont restées lettre morte :


“Je ne vois pas de rupture aujourd'hui (...). J'étais très marqué de voir le président du Sénégal venir à deux reprises à Paris dans les mois qui ont suivi sa prise de pouvoir et s'afficher avec un Emmanuel Macron souriant à la porte de l'Élysée après avoir été reçu au Quai d'Orsay dans des conditions qui m'apparaissent parfaitement indignes.”

Comparant cette situation à celle du Tchad, qu’il qualifie pourtant de “régime en partie vassalisé à l’égard de la France-Afrique”, Juan Branco souligne que ce dernier a agi plus rapidement pour affirmer sa souveraineté :


“Y compris le Tchad, qui est quand même un régime en partie vassalisé à l'égard de la France-Afrique, a pu annoncer plus tôt que le Sénégal le retrait des troupes françaises de son territoire.”

Un appareil diplomatique sous influence


Selon Branco, cette scène humiliante résulte d’un appareil diplomatique sénégalais resté prisonnier des habitudes de l’ancien régime :


“Ce qu'on voit, c'est l'influence d'un appareil diplomatique sénégalais traditionnel asservi, qui a prolongé les dynamiques de l'ancien régime, et qui, quelque part, a mis dans cet étau l'autorité politique sénégalaise nouvelle.”

Il estime que cette continuité bureaucratique entrave sérieusement les ambitions d’indépendance et de souveraineté promises par le gouvernement sénégalais :


“Ces ruptures-là, qui ne sont pas mises en œuvre à court terme parce que les contraintes d'un système encore persistant sont tellement puissantes, risquent d’opérer sur la capacité à long terme de pouvoir émanciper son peuple et à honorer ses promesses.”

Un tacle subtil à ses alliés politiques


Dans un retournement subtil, cette critique acérée semble également s’adresser à ses propres alliés sénégalais.


Juan Branco, qui a défendu Ousmane Sonko lors de ses déboires judiciaires, envoie un message indirect mais puissant à l’actuel Premier ministre sénégalais et à son président Bassirou Diomaye Faye.


En dénonçant publiquement l’échec d’une rupture diplomatique annoncée, il semble pointer du doigt l’inaction et l’absence de mesures concrètes de ses anciens clients.


Cette sortie pourrait être interprétée comme une mise en garde, rappelant que les attentes placées en eux restent largement insatisfaites aux yeux de certains observateurs.


Avec ces déclarations fortes, Juan Branco relance le débat sur la souveraineté africaine et la nécessité d’une redéfinition des relations entre la France et ses anciennes colonies.


Ses propos sonnent comme un appel à l’action et à la fin des symboles de soumission dans les relations diplomatiques actuelles.



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