La réaction officielle de l'ancien président sénégalais était fortement attendue. Son parti, l’Alliance pour la République (APR), désormais dans l’opposition, refuse de laisser passer les conclusions accablantes sur la gestion financière du régime de Macky Sall. Dans un communiqué publié mercredi, le parti a annoncé avoir saisi le Fonds monétaire international (FMI) pour demander une réunion de travail. L’objectif ? Contester le rapport explosif de la Cour des Comptes, qui a révélé une dette cachée de 7 milliards de dollars (environ 4 200 milliards de francs CFA) entre 2019 et 2024.
Une “manipulation” dénoncée par l’APR
Le Secrétariat Exécutif National (SEN) de l’APR qualifie le rapport d’“audit tendancieux” et parle d’une “manipulation grossière” des chiffres.
Selon l’ancien parti au pouvoir, le FMI n’aurait jamais validé les données de la Cour des Comptes, mais se serait contenté d’analyser les chiffres fournis par l’actuel gouvernement sénégalais.
S’appuyant sur une déclaration d’Edward Gemayel, chef de mission du FMI pour le Sénégal, l’APR insiste sur le fait que l’institution ne valide pas les chiffres de la dette, mais “constate, discute et accompagne les réformes nécessaires”.
Autrement dit, pour les partisans de Macky Sall, les conclusions du rapport seraient biaisées et politiquement orientées.
Une lettre officielle envoyée au FMI
Déterminée à faire entendre sa version, l’APR a adressé une lettre officielle au FMI le 26 mars 2025, demandant une réunion avec Majdi Debbich, représentant résident du FMI à Dakar.
Dans ce courrier, le parti conteste “dans le fond comme dans la forme” le rapport de la Cour des Comptes et annonce avoir préparé un document chiffré et détaillé pour démontrer ce qu’il considère comme une manipulation politicienne.
L’APR dénonce notamment l’absence de principe du contradictoire dans la procédure d’audit.
Le parti regrette que “ni les anciens ministres, ni les directeurs des Finances concernés n’aient été entendus”, ce qui, selon lui, remet en cause la crédibilité du rapport.
Une tentative de défense sous pression
Si l’APR tente de se défendre, la situation reste délicate. Depuis plusieurs mois, les nouvelles autorités, sous la direction du premier ministre Ousmane Sonko, ont révélé des irrégularités majeures dans la gestion des finances publiques.
Ces révélations ont entraîné la suspension du programme d’aides du FMI, mettant en évidence les failles du précédent régime.
Alors que l’APR demande une rencontre d’urgence avec le FMI, l’institution financière n’a pour l’instant pas réagi officiellement à cette requête.
Reste à savoir si cette démarche suffira à convaincre l’opinion publique et les partenaires internationaux, alors que les accusations contre l’administration de Macky Sall continuent de s’accumuler.
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