La République Démocratique du Congo se prépare à vivre une élection présidentielle le 20 décembre prochain. La CENI, la commission électorale nationale indépendante, a publié une liste provisoire de 24 candidats à ce scrutin. Mais ils seront au final 26 à solliciter le vote des quelques 40 millions de congolais attendus dans les bureaux de vote, la cour constitutionnelle congolaise ayant décidé d’inscrire deux candidats supplémentaires dont les noms ne figuraient pas dans la liste déclinée par la CENI.
Elu en 2019 pour la toute première alternance au sommet de l’Etat dans ce vaste pays de plus de 100 millions d’habitants, Felix Tshisekedi est évidemment candidat à un second quinquennat. Le président sortant aura toutefois fort à faire face à quelques barons de la classe politique congolaise. Le premier n’est autre que Moïse Katumbi, ancien gouverneur de l’ex province du Katanga tombé en disgrâce sous la présidence de Joseph Kabila et contraint à l’exil. Son retour dans le jeu politique pourrait être un challenge de taille pour le président sortant.
Autre candidat de taille, Martin Fayulu, qui a revendiqué la victoire au scrutin de 2018 et qui entend prendre sa revanche sur le président sortant. Les anciens premiers ministres Adolphe Muzito et Augustin Matata Ponyo sont candidats, tout comme le docteur Dénis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 et très actif dans le domaine humanitaire dans son pays. Il faut aussi noter que deux femmes sont candidates à ce scrutin. Marie-Josée Ifoku Mputa et Joëlle Bile. Le président sortant peut toutefois compter sur le soutien de quelques ténors de la classe politique, tous au gouvernement à ses côtés. Jean-Pierre Bemba, actuellement vice-premier ministre en charge de la défense ainsi que Vital Kamerhe, vice-premier ministre en charge de l’économie.
S’agissant du mode de scrutin, le président sera élu à la majorité simple des suffrages exprimés au premier tour, en respect de l’article 71 de la constitution modifié en 2011. Une disposition qui annule la possibilité d’une élection à la majorité absolue au second tour. Aussi faut-il rappeler que l’élection présidentielle du 20 décembre sera couplée à l’élection des députés nationaux et provinciaux ainsi qu’à celle des conseillers communaux.
Les enjeux essentiels de ce scrutin
En ce qui concerne les enjeux principaux de cette élection, ils sont d’abord sécuritaires. Le conflit dans l’est du pays avec les multiples rebellions et leur lot de violences et de déplacés est une grande priorité. Ensuite, la crise sociale se pose en enjeu majeur, avec une majorité des congolais vivant dans des conditions précaires. Enfin la crise de confiance entre le pouvoir et l’opposition sera aussi au menu des enjeux de ce scrutin, l’opposition accusant le président Félix Tshisekedi et son clan de vouloir frauder pour le faire réélire. Les assurances de la CENI, n’ont jusque-là pas réussi à rassurer l’opposition politique.
S’agissant des observateurs, la CENCO, la puissante conférence épiscopale congolaise ainsi que l’ECC, l’Eglise du Christ au Congo ont aussi estimé que les inquiétudes de l’opposition étaient légitimes. Aussi l’union européenne prévoit-elle une mission d’observation du scrutin, à la demande même du gouvernement congolais. L’Union Africaine ou encore les confessions religieuses, seront aussi dans ce rôle pour ces élections aux allures de test pour la jeune démocratie congolaise.
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