L'étau se resserre tout doucement autour du député Mahamadou Ngom, dit Farba. L’Assemblée nationale du Sénégal a franchi une étape décisive ce vendredi en adoptant à l’unanimité la résolution visant la création d’une commission ad hoc. Chargée d’examiner la demande de levée de son immunité parlementaire, cette commission marque un tournant majeur dans une affaire qui secoue l’arène politique sénégalaise.
Une démarche dans le respect du cadre légal
Cette décision intervient dans un contexte où des accusations graves pèsent sur le député Farba Ngom, proche de l’ancien président Macky Sall.
Ces allégations, portant notamment sur des mécanismes présumés de blanchiment de capitaux, ont conduit le Garde des Sceaux à saisir officiellement l’Assemblée nationale.
La création de la commission ad hoc s’inscrit dans un cadre légal rigoureux.
Composée de 11 membres, cette structure reflète les équilibres politiques actuels : 9 députés de la majorité Pastef, 1 pour l’opposition, et 1 représentant des non-inscrits.
Les missions de la commission
La commission ad hoc aura pour mission principale de collecter les éléments nécessaires à l’évaluation des accusations portées contre Farba Ngom.
Elle examinera minutieusement la demande de levée d’immunité et établira un rapport contenant ses recommandations.
Ce rapport sera ensuite soumis à l’Assemblée nationale, qui décidera, par un vote, du sort de l’immunité parlementaire du député.
Une affaire à forte portée politique
La procédure engagée contre Farba Ngom suscite des débats passionnés dans les milieux politiques et auprès de l’opinion publique.
Si certains saluent une démarche conforme à l’État de droit, d’autres y voient une instrumentalisation politique visant à affaiblir un pilier de l’opposition à Ousmane Sonko.
Avec une majorité écrasante au sein de l’Assemblée nationale, le Pastef pourrait peser lourd dans cette procédure.
Parallèlement, Farba Ngom a déjà constitué son pool d’avocats composé de quatre ténors du Barreau : Maîtres Doudou Ndoye, Baboucar Cissé, Alassane Cissé et Pascal Gomis.
Ces derniers, réunis face à la presse ce vendredi, ont accusé les autorités de n'avoir fourni aucune information jusque-là.
Les appels à la transparence se multiplient, tandis que l’opposition réclame des garanties sur l’impartialité du processus.
Un précédent judiciaire en France
Pour rappel, déjà en 2017, alors que Macky Sall était encore au pouvoir, Farba Ngom avait déjà attiré l’attention des autorités judiciaires françaises.
Il avait été interpellé à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle en possession de 38.000 euros, soit près de 25 millions de FCFA, qu’il n’avait pas déclarés aux services douaniers.
Bien que relaxé grâce à son immunité parlementaire, cette affaire avait soulevé des interrogations sur l’origine et la destination de cette somme, aucune explication claire n’ayant été fournie à ce jour.
Une étape clé dans la reddition des comptes
Cette affaire intervient dans un contexte où le gouvernement actuel a fait de la lutte contre la corruption une priorité.
La procédure engagée contre Farba Ngom est perçue comme un test de crédibilité pour le régime de Ousmane Sonko.
Le rapport de la commission ad hoc et le vote qui suivra à l’Assemblée nationale seront déterminants pour la suite de cette affaire.
En attendant, le dossier Farba Ngom reste au cœur de toutes les attentions, tant pour ses implications politiques que pour son impact sur la justice sénégalaise.
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