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Writer's pictureTowanou Johannes

Ousmane Sonko appelle au départ des bases militaires d'Afrique


Dans un contexte de réévaluation des relations internationales et de la souveraineté nationale, Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal, a lancé un appel retentissant pour la révision de la présence militaire étrangère sur le sol sénégalais. Lors d'une conférence de presse conjointe avec Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise (LFI), Sonko a exprimé des préoccupations profondes concernant l’impact de cette présence sur l'autonomie stratégique du pays.


Remise en question de la présence militaire française


Sonko a questionné la justification et la pertinence de la présence continue de l'armée française au Sénégal plus de six décennies après les indépendances africaines.


« Plus de soixante ans après nos indépendances, nous devons nous interroger sur les raisons pour lesquelles l'armée française, par exemple, bénéficie toujours de plusieurs bases militaires dans nos pays, et sur l'impact de cette présence sur notre souveraineté nationale et notre autonomie stratégique », a-t-il déclaré à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD).


En abordant cette question, Sonko met en lumière les contradictions et les ambiguïtés de la relation franco-sénégalaise, où l'héritage historique et les besoins contemporains de sécurité et de coopération doivent être réconciliés avec les aspirations légitimes à l'indépendance et à l'autonomie.


Incompatibilité avec la souveraineté


Insistant sur la volonté du Sénégal de gérer ses propres affaires sans ingérence étrangère, Sonko a affirmé : « Je réitère ici la volonté du Sénégal de disposer de lui-même, laquelle volonté est incompatible avec la présence durable de bases militaires étrangères au Sénégal ».


Cette déclaration souligne une volonté ferme de reconsidérer les accords et les arrangements militaires actuels qui, selon lui, entravent la pleine réalisation de la souveraineté sénégalaise.


En réitérant cette position, Sonko appelle à une révision des politiques de défense qui permettraient au Sénégal de renforcer sa capacité à défendre ses propres intérêts de manière autonome, sans dépendre indéfiniment de la présence militaire étrangère.


Redéfinir les accords de Défense


Sonko a toutefois nuancé ses propos en précisant que cette remise en question ne signifie pas l'abandon des accords de défense avec la France.


« On peut avoir des accords de défense sans que cela ne justifie que le tiers de la région de Dakar soit occupé aujourd'hui par des garnisons étrangères », a-t-il précisé.


Cette distinction est cruciale car elle met en lumière la possibilité d'une coopération militaire sans la nécessité de bases permanentes et envahissantes.


En redéfinissant les termes de ces accords, Sonko propose un modèle de partenariat qui respecte la souveraineté nationale tout en permettant une collaboration efficace en matière de sécurité et de défense, adaptant ainsi les anciennes alliances aux réalités modernes.


Le contexte actuel


Actuellement, 350 soldats français sont stationnés au Sénégal, une présence qui symbolise la continuité des liens historiques mais aussi les tensions inhérentes à la décolonisation inachevée.


Sonko appelle à une reconfiguration de cette relation, où le respect de la souveraineté nationale et la coopération mutuelle ne se contredisent pas.


Cette présence militaire, bien que justifiée par des raisons stratégiques et sécuritaires, est perçue par certains comme une forme de néo-colonialisme qui entrave le développement d'une véritable autonomie.


En ce sens, l'appel de Sonko pourrait catalyser une révision des politiques de défense et de coopération, non seulement au Sénégal mais aussi dans d'autres pays africains confrontés à des enjeux similaires.


Une nouvelle ère pour les relations franco-sénégalaises ?


L'appel de Sonko intervient à un moment où de nombreux pays africains reconsidèrent leurs relations avec les anciennes puissances coloniales.


Ce discours pourrait marquer le début d'une nouvelle ère pour les relations franco-sénégalaises, basée sur un partenariat d'égal à égal, respectueux des aspirations et de l'autonomie du Sénégal.


En prônant une approche de coopération plus équilibrée, Sonko envisage un futur où les relations bilatérales sont fondées sur le respect mutuel et la reconnaissance des aspirations légitimes à l'indépendance et à l'autonomie stratégique.


Cette vision pourrait également servir de modèle pour d'autres nations africaines cherchant à redéfinir leurs relations internationales de manière à mieux refléter leurs propres intérêts et valeurs.


Vers la fin de la présence militaire française au Sénégal ?


Alors que le débat sur la présence militaire française s'intensifie, une question cruciale se pose : est-ce que la fin de cette présence est imminente ?


Les déclarations de Sonko reflètent un sentiment croissant parmi la population et les dirigeants politiques sénégalais qui voient cette présence comme anachronique et incompatible avec les aspirations modernes à la souveraineté totale.


Si le gouvernement du Sénégal décide de réévaluer sérieusement ses accords militaires et de prendre des mesures concrètes, il pourrait bien amorcer un processus de retrait progressif des troupes françaises.


Cette perspective suscite à la fois espoir et scepticisme, car elle nécessiterait une restructuration profonde des politiques de défense nationale et une redéfinition des alliances internationales du Sénégal.


Le futur nous dira si ces paroles se transformeront en actions décisives, marquant un tournant historique dans la quête d’autonomie du Sénégal.

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