Simon Adingra, 22 ans, champion d'Afrique avec la Côte d’Ivoire et célébré par tout un peuple, a pourtant connu des difficultés avant d'en arriver là et de pouvoir vivre sa passion.
Plusieurs relais ont prétendu qu'il s'était fait arnaquer au Bénin, mais la vérité est bien différente. Voici son témoignage sur son parcours hors du commun rapporté par François Garitte. Simon Adingra :”Gamin, je jouais dans la rue de mon quartier. Dès le plus jeune âge, le football était ma passion. Je voyais le parcours de grands frères comme Didier Drogba et je voulais les imiter. En me voyant jouer dans la rue, une connaissance m’a dit : “Simon, ce serait mieux que tu sois encadré dans un centre de formation.” J’ai alors rejoint un centre d’Abidjan où je m’entraînais deux fois par semaine, les mercredis et les samedis, tout en continuant mon parcours scolaire. Puis un jour, un coach est venu voir mes parents en disant qu’il connaissait une bonne académie au Bénin qui avait besoin de jeunes talents comme moi. Mon père, qui est depuis décédé, a toujours voulu que je devienne footballeur et a accepté que je parte. Il fallait payer une somme d’environ 300 euros à ce gars et je suis parti au Bénin avec neuf autres jeunes Ivoiriens.”
”Sauf que ce gars était un escroc. Il avait tout inventé et est parti avec notre argent. Il n’y avait ni Académie ni logement pour nous sur place. Nous étions tous les dix au Bénin, à l’âge de 12 ans, livrés à nous-mêmes sans l’aide de personne. Nous n’avions même pas d’argent pour nous nourrir… Il y avait alors deux possibilités : soit retourner en Côte d’Ivoire, soit attendre et voir si une opportunité arrivait. Nous avons décidé de rester tous ensemble et de faire des petits boulots pour commencer à gagner de l’argent. Nous lavions par exemple des assiettes dans des restaurants en échange d’un peu d’argent et de repas.”
”Un jour, nous nous promenions dans la rue et un type ayant fait ses études en Côte d’Ivoire a reconnu notre accent ivoirien. Il était étonné de retrouver une dizaine de jeunes Ivoiriens au Bénin. Nous lui avons expliqué la situation et il a été scandalisé par les conditions dans lesquelles nous vivions. Il a tout fait pour nous trouver une autre maison et a eu l’idée de créer une petite Académie de football avec les neuf jeunes et moi. Au fil du temps, d’autres joueurs ont intégré le centre et c’est devenu une réelle académie au Bénin. Un jour, il a vu sur Internet qu’un tournoi avait lieu à Accra, au Ghana, et nous sommes allés jouer là-bas. Je suis toujours en contact avec lui, il est d’ailleurs venu me voir jouer lors d’Union-Zulte Waregem début février.”
”Pendant le tournoi au Ghana, des recruteurs de l’Académie 'Right To Dream' ont été charmés par mes prestations et m’ont proposé de faire un test de deux semaines au sein de leur centre de formation assez réputé. Là-bas, tout était très professionnel avec une belle organisation et des coachs diplômés même si ce n’était pas facile pour moi au début, car je ne parlais pas anglais. Le matin, nous avions un moment de prière tous ensemble avant d’aller à l’école. L’après-midi, nous avions entraînement. Je suis resté là-bas durant deux ans et j’ai joué avec Kamaldeen Sulemana qui évolue actuellement à Southampton ou encore Mohamed Kudus de l’Ajax ( à West Ham actuellement).
Malgré des débuts difficiles, Simon Adingra a prouvé sa détermination sur le terrain et saisi les opportunités. Sa CAN en est d'ailleurs l'illustration parfaite. Blessé au début du tournoi, il s'est rapidement imposé comme titulaire à son retour.
Homme du match de la finale avec deux passes décisives pour Kessié et Haller, il était déjà devenu un des héros en marquant le but égalisateur contre le Mali en quart de finale.
Son titre de meilleur jeune de la CAN vient confirmer son tournoi magnifique et annonce un avenir prometteur pour ce jeune talent ivoirien.
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