
L'affaire secoue tout le milieu politique au Nigéria. La sénatrice de Kogi Central, Natasha Akpoti-Uduaghan, a accusé le président du Sénat nigérian, Godswill Akpabio, de harcèlement sexuel.
Lors d’une interview accordée à Arise Television le 28 février 2025, l’élue du Parti démocratique populaire (PDP) a révélé qu’Akpabio aurait eu un comportement inapproprié à son égard lors d’une visite à son domicile en décembre 2023.
D’après la sénatrice, elle s’était rendue chez Akpabio à Uyo, dans l’État d’Akwa Ibom, accompagnée de son mari.
Durant cette rencontre, Akpabio l’aurait tenue par la main, lui aurait fait visiter sa maison et aurait tenté de faire des avances déplacées, malgré la présence de son époux.
"Mon problème avec Akpabio a commencé le 8 décembre 2023. Quand mon mari et moi avons rendu visite à Akwa Ibom pour l'anniversaire du sénateur Akpabio. Akpabio me faisait visiter sa maison et me tenait la main avec mon mari qui suivait derrière nous quand il a dit qu'il voulait que je vienne passer des moments spéciaux dans sa maison. Mon mari l'a entendu et m'a plus tard dit de ne pas voyager seul à l'étranger ou d'être seul avec le président."
Dans son témoignage, Natasha Akpoti-Uduaghan a également évoqué un autre épisode troublant : Akpabio lui aurait suggéré de "prendre soin de lui" en échange d’un soutien pour faire passer ses propositions au Sénat.
"Mon cas est le cas d'un étudiant puni par un conférencier pour avoir refusé de coucher avec lui."
Des pressions et intimidations au sein du Sénat
Outre ces accusations de harcèlement, la sénatrice affirme avoir été marginalisée et intimidée au sein de la chambre haute.

Elle aurait été écartée d’événements internationaux, privés des privilèges accordés aux autres sénateurs, et empêchée de jouer pleinement son rôle législatif.

Elle considère ces représailles comme une tentative de réduire son influence et de la dissuader de dénoncer certaines pratiques au sein du Sénat.
Un passé entaché d’accusations similaires
L’accusation de Natasha Akpoti-Uduaghan n’est pas une première pour Godswill Akpabio.
En 2020, Joy Nunieh, ancienne directrice par intérim de la Commission de développement du delta du Niger (NDDC), avait déjà porté plainte contre lui pour harcèlement sexuel.
Elle avait même affirmé l’avoir giflé après qu’il ait tenté des gestes déplacés à son égard.

À l’époque, Akpabio, alors ministre des Affaires du Delta du Niger, avait nié ces accusations, qualifiant ces allégations de "fausses et malveillantes".
Atiku Abubakar exige une enquête approfondie
Face à ces nouvelles révélations, l’ancien vice-président Atiku Abubakar, figure majeure de l’opposition, a appelé le président Bola Tinubu et le Sénat à prendre ces accusations au sérieux.

Dans une déclaration publiée sur son compte X (anciennement Twitter), Atiku a insisté sur la nécessité d’une enquête crédible et transparente.
"Ces allégations sont graves et méritent une enquête impartiale. Le président du Sénat est censé être un modèle d’intégrité et non l’objet de telles accusations. Le traitement de cette affaire sera un test de l’engagement du Nigeria envers la justice, la responsabilité et l’inclusion des femmes dans la gouvernance."
L’ancien vice-président a également dénoncé le harcèlement sexuel comme un obstacle majeur à l’avancement des femmes, en particulier dans les sphères politiques et institutionnelles.
La riposte de l’entourage d’Akpabio
Sans surprise, ces accusations ont provoqué une vive réaction du camp Akpabio.

Ekaette Unoma Akpabio, l’épouse du président du Sénat, a défendu son mari en qualifiant Natasha Akpoti-Uduaghan de menteuse cherchant à créer une polémique pour attirer l’attention.
"Mon mari est un homme discipliné et jovial, souvent mal compris. Ces accusations ne sont que des fabrications visant à ternir son image."
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