Niger : nouveaux noms sur la liste noire du régime
Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) s'en prend à d'autres cadres de l'ancien régime. En date du 28 octobre 2024, plusieurs anciens ministres de Mohamed Bazoum, dont Hassoumi Massoudou et Alkache Alhada, ont été inscrits au Fichier des personnes impliquées dans des actes terroristes (FPGE). Accusés de « trahison » et de « complot » contre la sûreté de l'État, ces ex-responsables du régime déchu sont désormais soumis à des sanctions drastiques, incluant l’interdiction de déplacement et le gel de leurs biens. Le gouvernement nigérien justifie ces mesures comme indispensables pour protéger les intérêts stratégiques du pays, alors que la junte renforce son emprise sous la direction du Général Abdourahamane Tiani.
Des sanctions exceptionnelles pour les personnalités de l’ancien pouvoir
Les sanctions qui découlent de cette décision sont d’une envergure sans précédent.
À compter de la date de signature, les personnalités inscrites au FPGE sont frappées d’une interdiction de déplacement tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Cette restriction de mouvement, qui empêche toute évasion ou tentative de contact avec des réseaux externes, est accompagnée d’un gel immédiat de leurs avoirs financiers, économiques et immobiliers.
En d’autres termes, ces figures de l’ancien pouvoir voient leurs biens, leur argent et même leurs propriétés soumises à un blocage total.
Les autorités demandent par ailleurs aux individus et organisations en possession ou gestion de ces biens de les déclarer rapidement au Comité National, sous peine de sanctions.
Le comité exige des justificatifs pour chaque bien enregistré, durcissant ainsi le contrôle et limitant toute capacité financière des anciens ministres à organiser ou soutenir des actions contre l'État.
Vers une déchéance de nationalité pour trahison
Dans un geste encore plus symbolique, ces ex-responsables politiques sont menacés de perdre leur nationalité nigérienne.
La déchéance provisoire de citoyenneté pourrait devenir définitive si les concernés sont condamnés à une peine d'emprisonnement d’au moins cinq ans.
Une telle décision souligne la volonté du régime de rompre tout lien entre les anciens dirigeants et la nation nigérienne, les présentant comme des individus ayant « trahi » le pays et méritant d’être exclus de la communauté nationale.
Cette déchéance s’ajoute aux autres restrictions, renforçant l’isolement des concernés et, aux yeux des autorités, visant à démontrer que les actes de complot et de trahison ne resteront pas impunis.
Des recours légaux possibles, mais limités
Les anciens ministres disposent cependant de moyens de recours. Un délai de trois mois leur est accordé pour contester leur inscription sur le fichier, par le dépôt d'une requête écrite et motivée auprès du secrétariat du Comité.
Cette démarche permet aux concernés de tenter de prouver leur innocence ou de réfuter les accusations portées contre eux, bien que l'efficacité d'une telle contestation reste à prouver dans le contexte politique actuel.
Si cette première tentative échoue, un recours devant la Chambre administrative de la Cour d’État est aussi possible, offrant une voie de recours juridique qui pourrait toutefois se heurter à des obstacles politiques.
Les observateurs s’interrogent sur le respect des procédures légales, alors que le CNSP se montre résolu à écarter toute opposition en affirmant qu’il s’agit d’une mesure visant à « renforcer la sécurité nationale ».
Un fichier national comme outil de répression ?
Ces décisions reposent sur une ordonnance signée le 27 août 2024 par le Général Abdourahamane Tiani, président du CNSP, instaurant un fichier national pour lutter contre le terrorisme et les actes menaçant la sécurité de l’État.
Ce fichier, perçu par certains comme un instrument de répression, élargit les moyens de surveillance et de sanction du gouvernement.
Alors que la junte continue de consolider son pouvoir en s’appuyant sur des mesures de sécurité rigoureuses, les critiques se multiplient autour d'une volonté d’éliminer les voix dissidentes du paysage politique national.
Avec ces sanctions, le CNSP poursuit son offensive, transformant le combat contre le terrorisme en un instrument de contrôle et d’intimidation vis-à-vis des anciens dirigeants du régime de Bazoum.
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