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Writer's pictureTowanou Johannes

Niger / Mali : de l'eau dans le gaz entre Goïta et Tiani ?


C'est une option qui peut paraître surprenante au vu de la situation dans le Sahel. Alors que l'Algérie et le Niger renforcent leurs relations avec le lancement imminent de plusieurs projets de développement, les relations algéro-maliennes traversent une période difficile, suscitant des interrogations sur l'impact potentiel sur l'Alliance des États du Sahel, qui réunit le Niger, le Mali, et le Burkina Faso.


Une coopération renforcée entre l’Algérie et le Niger


Le 22 octobre 2024, le Général de Brigade Toumba Mohamed, Ministre d’État nigérien en charge de l’Intérieur et Premier Ministre par intérim, a accueilli une délégation algérienne conduite par Abed Hallouz, Directeur Général de l’Agence Algérienne de Coopération Internationale pour la Solidarité et le Développement.


Cette réunion a été l'occasion d’annoncer le démarrage de plusieurs projets structurants avant la fin de l'année 2024, visant à améliorer les secteurs clés du Niger comme l'éducation, la santé et l'énergie.


Parmi les initiatives phares figurent la réhabilitation du lycée d’amitié Algérie-Niger de Zinder, la construction d’un centre d’hémodialyse à Agadez, et la création d'une polyclinique à Tchirozérine.


Les discussions ont également porté sur la sécurité régionale, et le rôle de l'Algérie dans la Confédération des États du Sahel a été évoqué, notamment pour renforcer la stabilité dans une région où les défis sécuritaires sont nombreux.


Tensions croissantes entre le Mali et l’Algérie


En parallèle, les relations entre le Mali et l’Algérie traversent une période de turbulences.


La crise diplomatique actuelle a pris racine au début de l’année 2024, lorsque l’Algérie a accueilli des personnalités maliennes en disgrâce, dont l’imam Mahmoud Dicko, provoquant la colère de Bamako.


Depuis, les tensions n'ont cessé de croître, malgré le retour des ambassadeurs respectifs à leurs postes.


Les récents événements à Tinzawaten, une ville frontalière stratégique entre le Mali et l'Algérie, ont exacerbé les frictions.


Les autorités algériennes ont menacé d'expulser des milliers de réfugiés maliens installés dans la région, invoquant la nécessité de sécuriser la frontière.


Ces réfugiés, ayant fui les violences dans le nord du Mali, se retrouvent désormais dans une situation critique, d'autant plus que l'Algérie accuse le Mali d'avoir utilisé des drones pour mener des frappes qui auraient causé des victimes civiles – une affirmation vivement réfutée par Bamako, qui a affirmé cibler uniquement des groupes terroristes.


Une crise inédite : manœuvres militaires et accusations croisées


Les tensions se sont intensifiées à la fin de l'été 2024, lorsque l'Algérie a organisé des manœuvres militaires près de la frontière avec le Mali, perçues comme une démonstration de force à l'encontre de son voisin.


En réponse, le Mali a multiplié les patrouilles dans la zone frontalière, aggravant un climat déjà tendu.


Lors d'une table ronde à Genève, l'ambassadeur algérien a même accusé le Mali de violer le droit international en utilisant des drones pour cibler des civils, une allégation immédiatement rejetée par le représentant malien aux Nations Unies.


Cette confrontation diplomatique et militaire inédite entre les deux pays, qui partagent plus de 1 000 km de frontière commune, a pris une tournure inquiétante.


Les combats sporadiques à Tinzawaten, impliquant les rebelles du CSP DPA et les forces de l’AES, ont attiré l’attention internationale et soulevé des questions sur les véritables intentions de chaque partie.


Quel impact sur l’Alliance des États du Sahel ?


Dans ce contexte, une question se pose : les tensions entre l’Algérie et le Mali pourraient-elles influencer la dynamique au sein de l'Alliance des États du Sahel ?


Alors que le Niger maintient des relations positives avec l'Algérie, les divergences avec le Mali pourraient nuire à l'unité affichée par les trois pays dans leur coopération régionale.


La coordination sur des projets transnationaux, comme la route transsaharienne, le gazoduc Alger-Lagos, ou encore la dorsale à fibre optique, pourrait être affectée si les tensions ne sont pas apaisées.


Vers une coopération régionale sous surveillance


L’évolution des relations entre l'Algérie et les pays du Sahel restera déterminante pour l'avenir de la région.


Si le Niger et l'Algérie continuent de renforcer leur coopération avec des projets ambitieux, la crise entre l'Algérie et le Mali demeure une source d'inquiétude.


La grande commission mixte Nigéro-Algérienne prévue en 2025 offrira l’occasion de réévaluer les priorités et de mieux coordonner les efforts en faveur de la stabilité régionale.


Ceci, dans un contexte où la solidarité au sein de l’Alliance des États du Sahel pourrait être mise à l'épreuve.

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