top of page
Writer's pictureTowanou Johannes

Niger : le torchon brûle entre le Général Abdourahamane Tiani et...

Général Abdourahamane Tiani / Président du Niger



Au Niger, la tension atteint un nouveau sommet entre Orano Mining et la Société de Patrimoine des Mines du Niger (SOPAMIN) après la décision d’Orano de suspendre la production de la SOMAÏR, dernier site d’uranium exploité par le groupe français au Niger. Dans une lettre adressée le 5 novembre 2024, Orano réplique aux accusations de la SOPAMIN, qui lui reproche une suspension « unilatérale » des activités d’extraction sans consultation.


Une rupture de dialogue dénoncée par Orano


Orano affirme que le manque de concertation relève davantage d'une absence répétée des représentants de l’État nigérien.


« Les administrateurs de la SOPAMIN […] ne se sont de nouveau pas présentés à la réunion du Conseil du 4 novembre 2024 à 9h00 », déplore Xavier Saint Martin Tillet, président d’Orano Mining, en insistant sur l’absence de dialogue autour des décisions cruciales pour l’avenir de la SOMAÏR.



Orano affirme que plusieurs tentatives de réunions, prévues d’abord le 19 août puis reportées, n’ont pas abouti en raison des absences de la SOPAMIN.


Une situation financière critique


Face aux accusations de « décision unilatérale », Orano précise qu’il s’agissait plutôt d’une mesure temporaire dictée par les contraintes financières de la SOMAÏR, fragilisée par le blocage des exportations d’uranium.


Cette suspension vise à « orienter le peu de trésorerie encore disponible vers les dépenses prioritaires de maintien des salaires et des fonctions industrielles vitales », explique le groupe.


La situation critique de la SOMAÏR nécessite une résolution officielle du Conseil d’administration (CA), prévue le 12 novembre, lors de laquelle Orano espère une participation active de la SOPAMIN pour parvenir à une solution.


La question des impayés de la SOPAMIN


Orano met également en lumière un passif important de la SOPAMIN, co-actionnaire, envers la SOMAÏR.


Le contrat d’achat d’uranium signé en août, que la SOPAMIN évoquait comme une solution de trésorerie, est resté en grande partie impayé.


« Moins d’un tiers du montant a été effectivement versé », précise Xavier Saint Martin Tillet, soulignant que la dette totale de la SOPAMIN pour les livraisons impayées de 2023 atteint 33,4 milliards de FCFA.


« Il n’est pas équitable de notre point de vue que la SOMAÏR soit de manière durable dans une position fortement créditrice vis-à-vis de la SOPAMIN alors qu’elle est, au même moment, fortement débitrice vis-à-vis d’Orano Mining ».


Pour Orano, ce déséquilibre met gravement en danger la stabilité financière de la SOMAÏR.


Une exploitation suspendue « intenable » sans exportation


Pour le président d’Orano, continuer à produire sans pouvoir exporter serait « intenable ».


Maintenir la production sans cash-flow suffisant pour les dépenses nécessaires représenterait un risque trop élevé.


Dans un contexte de fermeture des frontières depuis le coup d’État de juillet 2023, Orano insiste sur la nécessité de concentrer les ressources restantes pour préserver les salaires et le minimum d’infrastructure.


Un bras de fer au cœur de la souveraineté des ressources


Cette confrontation intervient alors que le Niger, sous un nouveau régime militaire conduit par le Général Abdourahamane Tiani, souhaite affirmer son contrôle sur ses ressources stratégiques.


Le rendez-vous du 12 novembre s’annonce décisif : Orano et la SOPAMIN devront trouver un terrain d’entente pour éviter un arrêt prolongé de la SOMAÏR, avec un impact potentiellement lourd sur l’économie nigérienne.


Ce conflit remet en question l’équilibre entre le Niger et ses partenaires étrangers, dans une région en pleine recomposition géopolitique.


Comments


bottom of page