Lors de l'Assemblée annuelle de la Banque africaine de développement (BAD) à Nairobi, au Kenya, le Premier ministre nigérien, Ali Mahaman Lamine Zeine, a surpris de nombreux participants avec une proposition audacieuse : inviter les pays membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) à rejoindre l'Alliance des États du Sahel (AES).
Cette initiative intervient quelques mois après le retrait du Niger de la CEDEAO, marquant une nouvelle étape dans la politique régionale du pays. Le Premier ministre Zeine a articulé cette proposition en ces termes :
« Je ne peux pas être trop provocateur, mais je veux demander à la CEDEAO de rejoindre l’AES. Il y a des pays de la CEDEAO qui voudraient probablement rejoindre l’AES, parce qu’à l’intérieur de l’AES, c’est la culture de la souveraineté et de la dignité du continent. »
Ces propos, bien que diplomatiques, ont été perçus par certains observateurs comme une provocation à l'égard des pays de la CEDEAO. Ces derniers sont actuellement engagés dans des négociations pour encourager les membres de l'AES à revenir au sein de la CEDEAO. Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a même été mandaté pour mener ces pourparlers délicats.
L'appel du Niger soulève des questions sur l'avenir des relations entre ces deux entités régionales. La CEDEAO, qui joue un rôle crucial dans l'intégration économique et politique en Afrique de l'Ouest, se retrouve face à un défi stratégique important.
Le Premier ministre Zeine insiste sur les valeurs de souveraineté et de dignité qui, selon lui, caractérisent l'AES. Cette alliance, composée de pays sahéliens confrontés à des défis sécuritaires et économiques spécifiques, prône une approche régionale axée sur la résilience et l'indépendance. En invitant la CEDEAO à se joindre à cette vision, le Niger semble vouloir redéfinir les contours de la coopération régionale en Afrique de l'Ouest.
Cependant, il est clair que Niamey n'a pas l'intention de réintégrer la CEDEAO. Cette position ferme pourrait compliquer davantage les relations diplomatiques et économiques entre les pays sahéliens et leurs voisins ouest-africains.
La proposition nigérienne ouvre un débat sur l'équilibre entre les besoins de coopération régionale et la souveraineté nationale. Elle reflète également les tensions sous-jacentes au sein de la CEDEAO, où certains pays peuvent se sentir marginalisés ou en désaccord avec les orientations actuelles de l'organisation.
En somme, l'initiative du Niger de solliciter l'adhésion de la CEDEAO à l'AES met en lumière des dynamiques politiques complexes et des aspirations à une nouvelle forme de coopération régionale basée sur la dignité et l'indépendance des nations africaines. Reste à voir comment les autres membres de la CEDEAO répondront à cet appel et quelles répercussions cela aura sur l'unité et l'efficacité de l'organisation dans les mois à venir.
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