C'est une sortie qui va faire couler encre et salive au Niger. Le Secrétaire Général de la Confédération Nigérienne du Travail (CNT), Mounkaila Halidou, a livré une déclaration exhaustive et incisive, dressant un tableau sombre des défis auxquels fait face le Niger. Entre les attentes non comblées du peuple, les détournements financiers, les atteintes aux libertés syndicales et les incompréhensions liées à la gestion du pays, la CNT a tenu à rappeler son rôle de sentinelle sociale tout en renouvelant son engagement envers la souveraineté nationale.
Un discours présidentiel jugé incomplet
La CNT a salué certains aspects du discours du président Tiani du 17 décembre 2024, mais n’a pas manqué de pointer les nombreuses « zones d’ombre » qui subsistent :
« La question sur la tenue du dialogue inclusif, qui pourrait nous permettre de faire cette réconciliation entre les Nigériens, mais aussi créer cette cohésion sociale entre les Nigériens. Nous avons également relevé que la mise en place des organes de la transition n'était pas dans le message à la nation du président. »
Le SG a également dénoncé l'absence de mesures claires concernant les détournements de deniers publics :
« Aujourd'hui, le constat c'est que la plupart de ceux qui avaient détourné dans le temps se retrouvent être encore aujourd'hui dans le système et c'est à eux qu'on continue encore à donner des marchés. Il faut nécessairement que les délinquants économiques puissent être châtiés au vu et au su de tout le monde pour que cela serve de leçon. »
Une collaboration renforcée avec les FDS
Face aux récentes annonces du Collège des Chefs d'État de la Confédération AES, plaçant leurs forces en alerte maximale face aux menaces de déstabilisation soutenues par l’Occident, la CNT a renouvelé son appel à la mobilisation :
« La CNT demande à l'ensemble de ses affiliés de continuer la communication et la sensibilisation, et d'être du côté de nos FDS dans le cadre de la collaboration mais aussi de la recherche de l'information. »
Cette posture, axée sur le patriotisme social, réaffirme l’engagement de la CNT à soutenir la souveraineté nationale tout en exigeant des réponses concrètes de la part des autorités.
Libertés syndicales : une alerte rouge
Mounkaila Halidou a dénoncé des atteintes graves aux libertés syndicales, évoquant des manœuvres orchestrées par des acteurs proches du pouvoir :
« Un communiqué de l'administrateur délégué de Niamey apprend à un de nos affiliés qu'à travers un arrêté, on retire le récépissé de ce syndicat. [...] La CNT ne se laissera jamais, au grand jamais, faire face à des dérives autoritaires. »
Face à ces tentatives de torpillage, la CNT a décidé de prendre les devants :
« Nous n’allons pas nous laisser. On ne peut pas continuer à marcher sur nous. Il faut recadrer les choses pour apaiser les tensions sociales. »
Une pénurie incompréhensible
Abordant la crise actuelle de carburant, la CNT a exprimé son indignation :
« On ne peut pas avoir un pays producteur et qu'on nous dise qu'il y a pénurie de carburant. Le peuple doit être respecté, et le respect du peuple passe par le respect des clauses que nous avons signées. »
Cette pénurie, incomprise par la population, suscite des interrogations sur la gestion des ressources stratégiques du pays.
Un appel à la communication et à l’action
Tout en réaffirmant son soutien au CNSP, la CNT appelle les autorités à renforcer la communication et à clarifier leur gestion pour éviter les malentendus :
« La CNT reste et demeure aux côtés du CNSP dans cette quête de la souveraineté nationale. Mais au CNSP aussi d'informer et de communiquer sur toutes ces situations qui suscitent l'incompréhension de l'opinion publique. »
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