Mali : plusieurs ressortissants étrangers inculpés ; voici les raisons
C'est un nouvel épisode d'un bras de fer économique. Le Mali a inculpé quatre cadres de la société minière canadienne Barrick Gold pour blanchiment de capitaux et atteinte aux biens publics. Ces arrestations interviennent alors que la compagnie exploite, en partenariat avec l’État malien, l’un des plus importants complexes aurifères du monde. Les employés, désormais placés en détention, attendent leur procès dans un contexte marqué par des tensions croissantes entre Bamako et les multinationales minières.
Un climat de défiance envers les multinationales
Barrick Gold a confirmé les arrestations dans un communiqué, mais sans donner de détails sur les accusations.
En revanche, les autorités maliennes se montrent catégoriques : ces inculpations s'inscrivent dans une stratégie visant à revoir les pratiques des entreprises étrangères.
Ce n’est pas la première fois que ces cadres sont visés. En septembre dernier, ils avaient été brièvement détenus, avant d’être relâchés sans charges formelles.
Ces derniers mois, le gouvernement malien, sous l’impulsion de la junte, a multiplié les pressions sur les compagnies minières.
L’objectif : revoir des contrats jugés peu avantageux pour l’économie nationale.
Des sommes colossales réclamées
L’affaire Barrick Gold s’ajoute à une série de différends financiers entre Bamako et les multinationales.
Selon des sources locales, la junte réclamerait pas moins de 320 milliards de francs CFA à la compagnie canadienne, évoquant des impôts impayés et d’autres obligations financières non respectées.
Le porte-parole de Barrick Gold a dénoncé une absence de volonté réelle pour parvenir à une résolution négociée.
En parallèle, le cas de l’entreprise australienne Resolute Mining, qui a récemment déboursé 160 millions de dollars pour régler un conflit similaire, illustre une tendance : Bamako renforce son contrôle sur les richesses nationales en exigeant des concessions financières majeures.
Renégocier pour renflouer les caisses de l’État
Depuis 2022, le Mali mène une offensive pour auditer et renégocier ses contrats miniers, accusant certaines clauses de léser le pays.
Les revenus du secteur aurifère, pourtant cruciaux pour l’économie malienne, n’auraient pas atteint leur plein potentiel à cause d'accords jugés déséquilibrés.
Ces mesures s’accompagnent d’un durcissement dans les relations avec les investisseurs étrangers.
Arrestations, amendes faramineuses, et contrôles renforcés deviennent la norme, faisant du secteur minier une arène de confrontations géopolitiques et économiques.
Des investisseurs sur le qui-vive
Ces arrestations suscitent des inquiétudes chez les investisseurs étrangers.
Bien que le Mali demeure une puissance aurifère en Afrique, cette instabilité pourrait freiner les investissements futurs.
Pour Barrick Gold, la crise met à l’épreuve sa capacité à naviguer dans un environnement politique imprévisible.
Alors que le procès des cadres se profile, cette affaire illustre la volonté de Bamako de reprendre le contrôle sur ses ressources naturelles, quitte à ébranler la confiance des investisseurs.
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