Mali : liste du nouveau gouvernement

Général Abdoulaye Maïga / nouveau premier ministre

C'était à prévoir. Au Mali, le général Abdoulaye Maïga a été désigné Premier ministre par le président de la transition, Assimi Goïta, marquant un tournant décisif dans l’évolution politique du Mali. Cette nomination, qui intervient après le limogeage de Choguel Kokalla Maïga, reflète une prise de contrôle quasi totale des militaires sur la transition. Dans ce contexte, le général Maïga hérite d’une tâche complexe : rétablir la stabilité tout en répondant aux attentes d’un pays en quête d’un retour à l’ordre constitutionnel.

Un basculement vers un pouvoir militaire total

Avec cette désignation, la transition politique au Mali semble désormais dominée par les militaires.

Initialement portée par une dynamique civilo-militaire, marquée par l'espoir d'une collaboration entre les acteurs politiques et militaires, cette transition glisse progressivement vers un contrôle unilatéral par les forces armées.

La nomination d’Abdoulaye Maïga, figure emblématique des autorités militaires, symbolise ce basculement.

Ce choix renforce le poids des militaires dans un contexte où le report indéfini de la fin de la transition, initialement prévue pour mars 2024, a alimenté l’incertitude et les frustrations populaires.

Une rupture avec la société civile

Choguel Kokalla Maïga, ancien Premier ministre et représentant des forces civiles, avait dénoncé publiquement son exclusion des grandes décisions de la transition.

Ses critiques récentes envers la prolongation unilatérale de la transition et ses accusations de dérives antidémocratiques ont creusé le fossé entre la junte et la coalition civile.

La mise à l’écart de Choguel Maïga et la nomination d’un général à la tête du gouvernement illustrent une rupture avec cette coalition, accentuant la crise politique entre civils et militaires.

Un parcours exemplaire au service de la nation

Reconnu pour sa rigueur et son expertise, Abdoulaye Maïga est un produit de la gendarmerie malienne, où il a fait preuve de compétences stratégiques remarquables.

Il a enrichi son profil par des études en droit international et diplomatie à Alger, et des spécialisations en politique de défense et sécurité internationale à Paris et Lyon.

Sa thèse doctorale sur « La crédibilité de la CEDEAO dans le maintien de la paix en Afrique de l’Ouest » illustre son engagement envers des solutions durables aux crises régionales.

Il a également étudié les droits de l’homme et le droit humanitaire, renforçant sa compréhension des enjeux de gouvernance et de justice.

Une expérience internationale précieuse

Le nouveau Premier ministre dispose d’une expérience internationale significative.

Il a contribué à la lutte contre le terrorisme au sein de la CEDEAO, et a servi comme officier de police dans la mission de la MONUSCO en République démocratique du Congo, affrontant des défis sécuritaires complexes.

Son rôle au sein de l’Union africaine a également renforcé sa compréhension des dynamiques de paix en Afrique.

Un défi colossal dans un contexte de militarisation croissante

La nomination d’Abdoulaye Maïga s’inscrit dans une logique de militarisation accrue de la transition.

Alors que Choguel Maïga, figure de la société civile, critiquait ouvertement la gestion de la transition, son départ marque un durcissement du régime.

Les militaires consolident leur emprise, au risque d’aggraver les tensions avec les acteurs civils et de compromettre la dynamique inclusive initialement promise.

En tant qu’ancien ministre de l’Administration territoriale, Abdoulaye Maïga a déjà démontré ses capacités à gérer les affaires intérieures, notamment en renforçant les structures administratives et sécuritaires.

Désormais, il devra s’imposer comme un acteur capable de concilier les forces en présence pour maintenir la stabilité et répondre aux aspirations démocratiques.