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Writer's pictureTowanou Johannes

Mali : le premier ministre Choguel Maïga attaque Assimi Goïta (vidéo)

Assimi Goïta, Président de Transition et Choguel Maïga, Premier ministre décoré, le vendredi 15 novembre


Le Premier ministre de la transition malienne, Choguel Kokalla Maïga, intensifie ses critiques à l’encontre de la junte au pouvoir.


Lors d’un meeting tenu samedi après-midi avec les partisans de son mouvement, le M5-RFP, il a dénoncé des pratiques qu’il estime être des régressions majeures sur le plan politique et social.


Il reproche notamment le report unilatéral de la fin de la transition, initialement prévue pour le 26 mars 2024, sans concertation au sein du gouvernement.


Des pratiques controversées au sommet de l’État


Dans une déclaration qui ne manque pas de faire écho aux frustrations populaires, Choguel Maïga a lancé :


« Des pratiques que le peuple malien a ouvertement et publiquement combattues, hier seulement, sous l’ancien régime, refont surface, au galop, quand ils n’ont pas pignon sur rue aujourd’hui. En effet, depuis la remise en cause du Pacte d’honneur scellé le 24 mai 2021, les choses vont de mal en pis. »


Ce "pacte d’honneur", conclu après le coup de force ayant porté les militaires au pouvoir, symbolisait un engagement à mener une transition inclusive et respectueuse des aspirations démocratiques du peuple malien.


Mais selon le Premier ministre, cet engagement semble désormais bafoué.


Une transition qui titube


Choguel Maïga a également évoqué le "véritable risque de reculs aussi bien politiques que sociaux" pour le Mali, attribuant ces régressions à une gouvernance autoritaire.


Il a dénoncé le report des échéances électorales sans consultation préalable, affirmant :


« Ce n’est pas normal dans un gouvernement. Le Premier ministre ne peut pas apprendre dans les médias que les élections sont reportées sans débat au sein de l’exécutif. »


En outre, il a mis en lumière la prolifération de nouveaux partis politiques pro-junte, avec plus de 100 récépissés accordés en moins de deux ans, en contradiction avec les recommandations des assises nationales visant à limiter leur nombre.


Une sortie qui fait écho à des critiques récentes


Ces déclarations interviennent quelques jours seulement après une autre prise de position marquante du Premier ministre.


Il avait alors révélé qu’il écoutait quotidiennement des médias étrangers bannis, comme RFI et VOA, pour accéder à des informations non filtrées.


Cette démarche, perçue comme un défi direct aux restrictions imposées par la junte, avait déjà suscité des réactions contrastées.


Un paradoxe après une décoration officielle


Ironiquement, ces propos interviennent au lendemain d’une cérémonie officielle où le Premier ministre a été décoré par le Général Assimi Goïta, président de la transition.


Une distinction qui, selon ses initiateurs, récompense son dévouement à la nation et sa contribution au processus de transition.


Cependant, cette décoration semble aujourd’hui résonner comme une tentative de calmer les tensions au sommet de l’État.


Loin de marquer un rapprochement entre Maïga et la junte du Général Goïta, elle met en lumière un paradoxe : la reconnaissance officielle de son rôle coexiste avec des divergences de plus en plus publiques.


La critique frontale de Maïga, prononcée moins de 24 heures après avoir été honoré, peut être perçue comme un acte de défiance, révélateur d’un climat de méfiance entre le Premier ministre et les militaires au pouvoir.

Des fractures de plus en plus visibles


Avec ces critiques ouvertes, le Premier ministre met en lumière les tensions croissantes au sein d’un gouvernement en quête de légitimité.


Tandis que la junte poursuit sa stratégie de contrôle, les divergences entre Choguel Maïga et les militaires au pouvoir reflètent des fractures profondes dans la gestion d’une transition de plus en plus contestée.


Les Maliens, fatigués par des années d’instabilité, attendent des réponses claires.


Mais dans un tel contexte, le risque d’un effondrement de la cohésion au sommet de l’État pourrait compromettre davantage les promesses de retour à l’ordre constitutionnel.

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