Mali: depuis Bamako, Sonko tire sur la Cedeao (vidéo)

Lors de sa visite officielle à Bamako ce mardi 12 août 2024, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a réaffirmé son soutien inébranlable au peuple malien, tout en critiquant ouvertement les sanctions imposées par la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Sonko a exprimé sa solidarité envers le Mali dans sa lutte pour la souveraineté nationale, tout en dénonçant les pratiques passées qui ont conduit à l'isolement du pays.

Sonko affirme son soutien au peuple malien

« Nous voulons nous solidariser avec le peuple malien pour cette lutte qu'il mène pour sa souveraineté. Nous voulons vous assurer que rien de ce qui pourra déstabiliser le Mali ne viendra du Sénégal, en tout cas pas sous notre régime ».

Ces propos ont été tenus après des entrevues avec le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, et le Président de la Transition, le colonel Assimi Goïta.

Dénonciation de l'embargo de la Cedeao

Sonko, en évoquant son rôle en tant qu'opposant avant d'accéder au pouvoir, a rappelé son engagement passé contre les sanctions de la Cedeao.

« Je suis chez moi et je viens parler à mes frères. En tant qu’opposant, j’ai été parmi les premiers à dénoncer l’embargo imposé au Mali par des pays frères, et malheureusement, parmi eux, notre propre pays. J’avais, au nom de mon parti, dénoncé cet embargo et je continue de le faire fermement. Sous notre régime, ce genre de pratiques ne pourra jamais prospérer, et personne ne passera par le Sénégal pour tenter de déstabiliser le Mali ou un autre pays frère, ou encore pour lui imposer des sanctions de cette nature. Cela n’a pas changé et ne changera pas. »

La position ferme du Sénégal sous le régime Sonko

Sonko n’a pas manqué de critiquer la gestion de la crise malienne par la CEDEAO, soulignant que :

« la CEDEAO a très mal géré cette situation, et si c'était notre régime qui était au pouvoir à l'époque des faits, nous aurions fermement apposé notre veto et il n'y aurait jamais eu d'embargo contre le Mali venant du Sénégal ».

Cette critique souligne une différence fondamentale dans l'approche de la crise malienne entre l'administration actuelle et les précédentes autorités sénégalaises.

Un message de solidarité panafricaine

En se positionnant ainsi, Ousmane Sonko cherche à renforcer les liens de solidarité entre le Sénégal et le Mali, tout en soulignant la nécessité d'une gestion plus juste et respectueuse des souverainetés nationales au sein des organisations régionales comme la Cedeao.

Sa prise de position pourrait également être interprétée comme un signal fort de sa volonté de réformer les pratiques de la CEDEAO pour qu'elles soient plus en phase avec les aspirations des peuples africains.

Appel à la réforme des organisations régionales

Sonko semble également vouloir repositionner le Sénégal comme un acteur clé dans la réforme des structures régionales africaines, en plaidant pour une Cedeao qui soit plus à l'écoute des besoins et des réalités des États membres.

Cette critique constructive pourrait, à terme, contribuer à un renouveau des pratiques au sein de l'organisation, tout en renforçant les alliances régionales basées sur le respect mutuel et la coopération.

En conclusion, la visite de Sonko à Bamako et ses déclarations montrent une volonté claire de sa part de se tenir aux côtés du Mali dans sa quête de souveraineté, tout en appelant à une révision des approches de la CEDEAO. Cette posture pourrait non seulement renforcer les relations entre le Sénégal et le Mali, mais aussi inspirer d’autres leaders africains à suivre la voie tracée pour faire bouger les lignes au sein des organisations régionales.