Mali : après le départ de Choguel Maiga, la junte parle d'élections
Le Mali demeure plongé dans l’incertitude politique, malgré les déclarations récentes de la junte militaire sur les préparatifs d’élections. Le mercredi 27 novembre, lors du conseil des ministres, le chef de la transition, le général Assimi Goïta, a appelé à créer les « conditions nécessaires » pour des scrutins transparents. Mais aucune date n’a été avancée, prolongeant ainsi les doutes sur l’avenir du processus démocratique.
Engagements reportés, avenir flou
Depuis leur prise de pouvoir en août 2020, les militaires maliens avaient promis un retour rapide à un régime civil.
Sous la pression internationale, une élection présidentielle avait été programmée pour mars 2024.
Pourtant, cette échéance a été annulée, et aucune nouvelle date n’a été fixée depuis.
Cette absence de calendrier renforce le scepticisme, tant au sein de la population malienne qu’auprès des partenaires internationaux.
En annonçant vouloir organiser des élections « apaisées », le général Goïta a affiché une volonté apparente de respecter ses engagements.
Cependant, cette promesse reste sans détails précis, alimentant les spéculations sur un éventuel prolongement de la transition militaire.
Une transition au goût d’éternité
La junte justifie la prolongation de la transition par des défis sécuritaires et socio-économiques majeurs.
Face à l’insécurité grandissante, alimentée par des groupes djihadistes, et à une crise sociale profonde, les militaires affirment qu’un retour précipité à un régime civil pourrait aggraver la situation.
Cette justification n’empêche pas les critiques de s’amplifier. Choguel Maiga, ancien premier ministre, avait notamment critiqué les Généraux au pouvoir sur le report du calendrier électoral.
Une sortie qui a valu son limogeage ainsi que tout le gouvernement, conduisant ensuite à la nomination du Général Abdoulaye Maiga à sa place.
La rupture diplomatique avec la France et les tensions avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont aussi isolé le Mali sur la scène internationale.
En parallèle, les relations étroites nouées avec la Russie et le recours au groupe Wagner suscitent des inquiétudes sur l’orientation stratégique du pays, une posture assumée par Bamako.
Goïta à la présidentielle ?
Une rumeur persistante agite le débat : le général Goïta pourrait se positionner comme candidat à la future présidentielle.
Une telle décision renforcerait l’idée que les élections ne seraient qu’un outil pour légitimer le pouvoir militaire.
La communauté internationale, notamment la Cedeao, reste vigilante et exige des garanties sur la crédibilité des scrutins.
Une population en attente de changements
Pour les Maliens, le flou persistant autour des élections est source de frustration.
Si les promesses de stabilité et de sécurité formulées par la junte restent largement non tenues, l’espoir d’un retour à une gouvernance démocratique semble s’éloigner.
Les annonces faites ce 27 novembre marquent un pas, mais elles ne dissipent pas les doutes.
Le Mali est à un tournant : les prochaines actions de la junte détermineront si le pays s’engage réellement vers une transition démocratique ou s’enfonce davantage dans une mainmise militaire prolongée.
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