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Writer's pictureTowanou Johannes

Mali : accusations explosives contre Choguel Maïga, convoqué

Choguel Maïga / ancien premier ministre

L’ancien Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, est au cœur d’une tempête politico-judiciaire après la publication, le 30 décembre 2024, d’un rapport accablant du Bureau du vérificateur général (BVG). Ce document de 113 pages expose des pratiques financières douteuses au sein de l’Agence de gestion du fonds d’accès universel (Agefau), sous la tutelle directe du Premier ministre, et met en lumière des détournements de fonds qui auraient directement ou indirectement bénéficié à Choguel Maïga.


Des irrégularités massives sous la loupe du BVG


Le BVG a relevé plusieurs irrégularités administratives et financières entre 2020 et 2023, dont l'approbation d’un prêt irrégulier de plus de 20 milliards de FCFA au profit du Trésor public dans le cadre de la réponse à la pandémie de Covid-19.


Bien que Choguel Maïga n’occupait pas encore le poste de Premier ministre à cette époque, il est pointé du doigt pour d’autres malversations survenues lors de son mandat entre juin 2021 et novembre 2024.


Les accusations incluent :

13 millions de FCFA en abonnements téléphoniques indus pour le personnel ;

92 millions de FCFA de redevances non reversées à l’ORTM ;

15 millions de FCFA d’équipements informatiques manquants dans des écoles ;

Des marchés publics attribués ou exécutés de manière irrégulière.


Des "dépenses de souveraineté" controversées


Choguel Maïga est également cité pour des dépenses personnelles qualifiées d’indues par le Vérificateur général.


Deux déplacements en décembre 2023, à Konobougou et Dalala, auraient généré des « frais de mission » totalisant plus de 12 millions de FCFA pour couvrir les coûts de sa délégation personnelle.


Ces voyages ont aussi mobilisé près de 35 millions de FCFA au titre des « dépenses de souveraineté », des fonds jugés « non prévus » et « injustifiés ».


Un contexte politique tendu


Ces révélations interviennent peu après le limogeage de Choguel Maïga par la junte au pouvoir, conséquence de désaccords persistants entre les civils et les militaires au sein de la transition.


Alors que l’ancien Premier ministre affiche encore des ambitions politiques, notamment présidentielles, ses partisans dénoncent un complot orchestré pour le discréditer.


« C’est une manœuvre politique évidente, mais ils veulent le faire taire », déclare un proche de Choguel Maïga à RFI.


L’intéressé lui-même, informé des investigations du BVG depuis des mois, aurait confié à ses collaborateurs : « Moi, j’ai une conscience claire. »


Vers un affrontement judiciaire ?


Le rapport du BVG a été transmis à la section des comptes de la Cour suprême.


Bien que des rumeurs évoquent une convocation imminente de Choguel Maïga, son entourage et des sources judiciaires démentent cette information.


Cependant, les suites judiciaires pourraient prendre une tournure spectaculaire dans un contexte où la lutte contre la corruption est devenue une priorité affichée des autorités de transition.


Entre lutte contre la corruption et règlement de comptes


Si cette affaire illustre les efforts pour assainir les finances publiques, elle pourrait aussi masquer des règlements de comptes politiques.


Les ambitions affichées de Choguel Maïga et ses critiques ouvertes à l’encontre de la junte font de lui une cible de choix dans un paysage politique malien en pleine recomposition.


Le Mali attend désormais de voir si ces accusations déboucheront sur des actions concrètes ou si elles ne serviront qu’à alimenter les tensions entre civils et militaires.



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