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Writer's pictureTowanou Johannes

Mali / dialogue : Assimi Goïta président à vie ?


Le dialogue inter-maliens clôturé le 10 mai 2024 au Centre International de Conférences de Bamako (CICB) a été le théâtre de propositions majeures, mais également de vives interrogations et de critiques dans un climat de répression politique omniprésent.


Les propositions du dialogue: de la transition à la refonte politique


Le dialogue inter-maliens, amorcé le 6 mai 2024, a abouti à plusieurs recommandations significatives, dont certaines ont retenu l'attention :


Soutien à la candidature du Colonel Assimi Goïta


La recommandation phare du dialogue a été le soutien à la candidature du Colonel Assimi Goïta, actuel Président de la Transition, pour les prochaines élections présidentielles.


Cette proposition a été accompagnée de l'élévation au grade de Général de plusieurs figures clés de la Transition.


Élévation au grade de Général


Parmi les recommandations émises, il a été proposé d'élever au grade de Général les Colonels Assimi Goïta, Président de la Transition, Malick Diaw, Président du Conseil National de Transition (CNT), Sadio Camara, ministre de la Défense et des Anciens combattants, Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation nationale, Modibo Koné, Chef des services de renseignement, et Abdoulaye Maïga, ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement.


Prolongation de la durée de la transition


Une autre recommandation majeure a été la prolongation de la durée de la Transition de 2 à 5 ans.


Cette décision vise à assurer une transition politique plus stable et à garantir des élections présidentielles justes et équitables à en croire les participants.


Révision de la charte des partis politiques


Le dialogue a également recommandé une révision de la charte des partis politiques.


L'objectif ici est la réduction de leur nombre et la rationalisation du paysage politique malien.


Dissolution des milices armées


Enfin, une recommandation audacieuse a été la dissolution de toutes les milices armées, avec l'intégration de leurs membres dans l'armée nationale.


Une disposition dans le but de favoriser la réconciliation nationale et la consolidation de la paix.


Les griefs et interrogations: répression politique et manque de sincérité


Malgré ces propositions ambitieuses, le dialogue inter-maliens a été entaché par un contexte de répression politique généralisée, jetant ainsi le doute sur la sincérité et la légitimité des recommandations émises :


Répression politique omniprésente


Les arrestations d'opposants politiques, de membres de la société civile et de journalistes ont mis en lumière le climat de peur et d'intimidation qui règne au Mali.


Dans ce contexte, la légitimité des décisions prises lors du dialogue peut être remise en question.


Manque de consultation et de transparence


Le dialogue inter-maliens s'est déroulé dans un contexte de manque de consultation et de transparence, avec une participation limitée de la société civile et de l'opposition.


Cette absence de représentativité remet en question la légitimité des recommandations émises.


Répression des voix dissidentes


La recommandation de soutien à la candidature du Colonel Assimi Goïta intervient dans un contexte de répression des voix dissidentes et de musellement de l'opposition.


Dans ces conditions, la sincérité de cette recommandation est remise en cause.


Maintien de l'autoritarisme


En prolongeant la durée de la Transition et en soutenant la candidature du Colonel Assimi Goïta, le dialogue inter-maliens semble plutôt consolider le pouvoir en place et prolonger l'ère de l'autoritarisme, au lieu de favoriser une transition démocratique et inclusive.


A quand une démocratie réelle et inclusive ?


En conclusion, les recommandations du dialogue inter-maliens de 2024 offrent à la fois des perspectives d'espoir et des motifs de préoccupation. Alors que le Mali aspire à une transition politique démocratique et pacifique, il est impératif de garantir la participation de tous les acteurs politiques et de respecter les principes fondamentaux de la démocratie, tels que la liberté d'expression, le respect des droits humains et la transparence des processus politiques. Seul un dialogue inclusif et sincère, mené dans le respect des valeurs démocratiques, pourra ouvrir la voie à un avenir meilleur pour le peuple malien.

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