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Writer's pictureTowanou Johannes

Guinée : qui fait courir le Général Mamadi Doumbouya ?

Mamadi Doumbouya / Président de la Guinée


La transition guinéenne continue de prendre une tournure militaire renforcée, alors que le président de la transition, le Général Mamadi Doumbouya, multiplie les nominations et les promotions dans les rangs des Forces Armées. Ce samedi 2 novembre 2024, un décret présidentiel a officialisé la nomination de plusieurs hauts gradés au ministère de la Défense nationale, renforçant les effectifs et la structure militaire du pays.

Cette série de promotions interroge : Mamadi Doumbouya cherche-t-il à consolider son autorité à travers une hiérarchie militaire loyale, ou s’agit-il d’un réel effort pour garantir la sécurité et stabiliser le pays ?


Les nominations clés au Ministère de la Défense


Le décret signé par le Général Doumbouya a été diffusé sur les écrans de la télévision nationale, annonçant la promotion de plusieurs officiers de haut rang dans les forces armées guinéennes. Voici les nominations marquantes de ce décret :


Inspecteur général des Forces Armées : Général de division aérien Ahmed Mohamed Oury Diallo, matricule 21862G, précédemment chef d’état-major général adjoint des Armées. Cette nomination en fait l’un des principaux superviseurs des forces armées guinéennes.


Chef d’état-major général adjoint des Armées : Général de brigade Malick Diakité, matricule 16560G, qui passe de son ancien poste de chef d’état-major adjoint de l’Armée de Terre à une fonction stratégique au sein des Armées.


Chef d’état-major de l’Armée de Terre : Général de division Abdoulaye Keita, matricule 17664G, précédemment inspecteur général des Forces Armées, vient renforcer les effectifs à la tête des armées de terre.


Haut commandement de la gendarmerie nationale : Général de brigade Mohamed Sylla, matricule 20131G, nommé haut commandant en second de la gendarmerie nationale, anciennement inspecteur général adjoint des Forces Armées.


Élévation au grade de général de division : Général de brigade Balla Koïvogui, nommé au titre des mesures d’accompagnement à la retraite, en reconnaissance de ses nombreux services rendus à la nation.


Ces promotions viennent structurer davantage les instances militaires du pays, alors que Doumbouya continue d’imprimer son autorité au sein de l’appareil de sécurité guinéen.


Une stratégie d’influence ou une politique de sécurité ?


Ces nominations stratégiques suscitent de nombreuses questions dans l'opinion publique guinéenne.


Pour certains analystes, Doumbouya cherche à renforcer sa position en promouvant des officiers jugés loyaux, ce qui pourrait lui permettre de s'assurer un appui stable au sein des forces armées.


Ces promotions pourraient ainsi être perçues comme une tentative d’affirmer sa mainmise sur les institutions militaires, à un moment où les voix critiques se font entendre sur le maintien d’une transition sans perspective claire de retour à l’ordre civil.


D'autres observateurs estiment cependant que cette réorganisation vise effectivement à améliorer la capacité opérationnelle des forces armées et à renforcer la sécurité du pays, un objectif que Doumbouya avait affiché en accédant au pouvoir.


Avec une Guinée marquée par des troubles politiques et des attentes croissantes en matière de développement, le renforcement des forces militaires pourrait être perçu comme une réponse aux défis sécuritaires persistants, particulièrement dans les régions frontalières et les zones de tensions internes.


Un signal à la classe politique et à la société civile


Au-delà de l’aspect sécuritaire, ce décret présidentiel semble envoyer un message fort à la classe politique et à la société civile.


La junte militaire, par ces actions, se positionne comme un acteur principal et durable de la gestion des affaires de l’État, malgré les appels récurrents à une transition vers un régime civil.


Cette démarche intervient quelques jours après que le gouvernement de Doumbouya a procédé à une vaste opération de "nettoyage" du paysage politique guinéen, en suspendant ou dissolvant près de 50 % des partis politiques du pays, invoquant des raisons administratives et un manque de transparence.


Ces initiatives sont perçues par certains comme une stratégie pour écarter les opposants et les personnalités politiques susceptibles de fragiliser le pouvoir en place, laissant craindre une marginalisation des forces démocratiques du pays.


La course aux titres et la question de la transition


La question que de nombreux Guinéens se posent aujourd'hui est la suivante : le Général Mamadi Doumbouya est-il en train de répondre aux promesses de stabilité et de sécurité faites lors de son arrivée au pouvoir?


Ou se livre-t-il à une course aux honneurs militaires pour asseoir son pouvoir et bientôt se frayer un chemin vers une candidature à la présidentielle selon l'agenda qu'il aura établi ?


Les promotions et nominations au sein des forces armées, tout comme la gestion stricte des partis politiques, renforcent l’impression d’un pouvoir qui cherche à se consolider par tous les moyens.


Dans ce contexte, la population et les observateurs se montrent de plus en plus attentifs à l'évolution de la situation en Guinée.


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