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Depuis plusieurs semaines, la scène politique guinéenne est en effervescence. Des voix s’élèvent pour appeler le général Mamadi Doumbouya, président de la transition, à se présenter à la prochaine élection présidentielle. Une perspective qui entre en contradiction avec la Charte de la transition, laquelle interdit au chef de la junte et aux membres de son gouvernement de briguer un mandat électif.
Une campagne de soutien bien orchestrée
Tout a commencé par des rassemblements dans plusieurs régions du pays, notamment à Kankan, fief historique du parti au pouvoir avant le coup d’État de 2021, mais aussi lieu de naissance du Général Mamadi Doumbouya.
Lors de l’un de ces meetings, le porte-parole de la présidence, le Général Amara Camara a déclaré que "la candidature du général Doumbouya s’imposait comme une évidence", déclenchant une vague de réactions.
Mory Condé, ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, d'enfoncer le clou :
« Nous l'affirmons haut, ici à Kankan… que notre champion, notre candidat, sera bel et bien le général Mamadi Doumbouya ».
Parallèlement, des mouvements de jeunes et des cadres influents multiplient les déclarations en faveur du chef de la transition.
Certains médias proches du pouvoir relayent cette dynamique, laissant entendre que cette mobilisation pourrait aboutir à une officialisation de la candidature de Doumbouya.
Un obstacle de taille : la Charte de la transition
Pourtant, un obstacle juridique majeur se dresse sur la route de cette ambition : la Charte de la transition.
Ce texte, adopté après la prise de pouvoir de la junte, stipule clairement que ni le président de la transition ni les membres du gouvernement ne peuvent se présenter aux élections censées ramener le pays à un régime civil.
Jusqu’à présent, aucune annonce officielle ne laisse entendre que cette disposition pourrait être modifiée.
Toutefois, la multiplication des appels en faveur d’une candidature du général Doumbouya alimente les spéculations sur une éventuelle révision de la Charte.
Un processus démocratique en péril ?
L’hypothèse d’une candidature de Doumbouya divise la classe politique et la société civile.
Pour l’opposition et certaines organisations de défense des droits humains, une telle démarche remettrait en cause tout le processus de transition et la crédibilité des engagements pris par la junte. Pour un cadre de l'opposition :
"L’armée avait promis de rendre le pouvoir aux civils à l’issue d’un processus électoral transparent. Si le général Doumbouya se présente, c’est une trahison pure et simple."
De son côté, le gouvernement reste silencieux. Officiellement, le président de la transition n’a pas exprimé d’intention claire sur la question.
Mais ce silence, combiné aux mobilisations en sa faveur, entretient le flou et alimente les doutes sur la sincérité du processus de retour à l’ordre constitutionnel.
L’avertissement du Dr Faya Lansana Milimouno
Alors que les appels à la candidature du Général Mamadi Doumbouya se multiplient, Dr. Faya Lansana Milimouno, président du Bloc Libéral, a pris la parole pour interpeller directement le chef de l’État.
Il affirme qu’il continue d’accorder le « bénéfice du doute » au président et l’invite à honorer sa parole de soldat.
Dans une interview récente, il a mis en garde contre l’influence néfaste de l’entourage présidentiel :
« En Guinée, c’est l’entourage qui est notre propre tombeur… »
Dr. Faya Milimouno souligne l’incohérence entre les annonces officielles du chef de l’État et les déclarations de ses proches collaborateurs, notamment sur le calendrier électoral.
« En décembre 2023, ils lui ont fait dire que le référendum aurait lieu en 2024. On n’a même pas eu un projet de Constitution. Ce qui amène les Guinéens à se demander si ceux que le président Doumbouya a choisi pour conduire cette période transitoire sont véritablement avec lui. »
Il exhorte Doumbouya à reprendre le contrôle et à sanctionner ceux qui compromettent ses engagements :
« En 2024, le référendum n’ayant pas eu lieu, il devait mettre dehors tous ceux qui ont contribué à la non-réalisation de cette annonce. »
Une manipulation orchestrée ?
L’opposant s’inquiète également de la mobilisation de moyens de l’État pour promouvoir la candidature du chef de la transition :
« Si moi un jour je dois être obligé de donner de l’argent à un Guinéen pour qu’il me supporte, je quitte la politique. C’est comme ça qu’on a torpillé ce pays pendant des décennies. »
Dr. Faya estime que le président doit rester fidèle à son engagement de départ et éviter les pièges du passé :
« Aujourd’hui, ce qui se fait est plus grave que ce qui se faisait avant. C’est pourquoi on lui dit de faire très attention avec son entourage, parce que souvent en Guinée, c’est l’entourage qui est notre propre tombeur. »
Vers une révision de la Charte ?
Si Mamadi Doumbouya devait se présenter, cela impliquerait une modification de la Charte de la transition.
Un changement qui nécessiterait un large consensus, sous peine de provoquer une crise politique majeure.
Dr. Faya insiste sur l’importance de maintenir l’interdiction pour les membres de la junte et du gouvernement d’être candidats dans la nouvelle Constitution :
« Il faut reprendre dans les dispositions transitoires de la nouvelle Constitution celles interdisant aux membres du CNRD et du gouvernement d’être candidats. »
Il met en garde contre le risque d’un retour au système du parti unique, où l’administration serait instrumentalisée au profit d’un seul homme :
« Aujourd’hui, même les simples réunions au siège de nos partis à l’intérieur du pays sont devenues un problème. »
Pour lui, toute tentative de modification des règles actuelles pourrait mener à un chaos politique et social.
Un choix décisif pour Doumbouya
Les prochains mois seront déterminants pour l’avenir politique de la Guinée.
Le général Doumbouya respectera-t-il ses engagements en organisant une transition transparente, ou cédera-t-il aux pressions de son entourage pour se maintenir au pouvoir ?
Dr. Faya Milimouno conclut son message par un dernier avertissement :
« Votre entourage a complètement démenti tout ce que vous avez dit le 5 septembre, mais vous pouvez encore vous en sortir par la grande porte. Vous avez le pouvoir de mettre fin à cette récréation. »
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