
L'inculpation de Cellou Dalein Diallo dans le cadre de l’affaire de la vente de l’avion d'Air Guinée a pris une tournure dramatique avec les dernières déclarations des autorités judiciaires. Le Parquet spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a confirmé, ce vendredi 21 mars 2025, que l’opposant et leader de l’UFDG faisait face à des accusations de détournement de deniers publics, corruption, blanchiment de capitaux et enrichissement illicite. Mais, au-delà de ces accusations, des développements récents pourraient bien changer la donne.
Un dossier complexe marqué par des absences et des tensions
Lors d'une conférence de presse, le procureur spécial Aly Touré a exposé les difficultés rencontrées dans le traitement du dossier, notamment l'absence prolongée de Cellou Dalein Diallo, qui vit en exil depuis 2022. Ousmane Sanoh, substitut du procureur :
"Nous attendons toujours les résultats de la commission rogatoire envoyée en 2023 pour entendre Cellou Dalein Diallo à Dakar. De plus, plusieurs convocations judiciaires ont été envoyées, mais il n'a pas comparu, sans explication"
Cette situation semble alimenter une escalade dans le dossier, malgré les efforts pour établir les faits.
Le procureur a précisé que les juges disposent de diverses options légales pour forcer la comparution des inculpés, notamment les mandats d'amener ou d'arrêt.
Un avertissement clair a été lancé :
"Si les personnes concernées par ce dossier ne répondent pas aux convocations, il est tout à fait possible qu'un mandat d'arrêt soit émis."
Des accusations qui embarrassent le leader de l'UFDG
L’inculpation de Cellou Dalein Diallo repose sur sa supposée implication dans la vente d’un avion de la compagnie Air Guinée, affaire sur laquelle son nom est régulièrement associé.
Pourtant, plusieurs figures politiques de l'époque, notamment l’ancien ministre de la Justice sous le régime du général Lansana Conté, le Professeur Salifou Sylla, ont fermement contesté ces accusations.
Selon lui, Cellou Dalein Diallo n’a pas été impliqué dans la vente de l’avion.
"Ce n'était pas lui qui a vendu l'avion, c'est le ministre des Finances qui était chargé de cette vente. Cellou Dalein n'était même pas responsable de ce dossier," a martelé Salifou Sylla, réaffirmant l'innocence de l'opposant.
Le Professeur Sylla a également précisé que Cellou Dalein Diallo s’était opposé à la vente.
Selon lui, le général Lansana Conté lui-même avait pris la décision de vendre l’appareil à Mamadou Sylla, et Cellou Dalein n’était pas impliqué dans cette opération.
Une lutte pour la légitimité politique ?
Les accusations à l'encontre de Cellou Dalein Diallo interviennent dans un contexte politique tendu.
L'exilé est un farouche opposant au régime actuel du Général Mamadi Doumbouya, dénonçant la junte et réclamant la fin du régime militaire.
Il s’est notamment exprimé sur la nécessité d'un retour à l'ordre constitutionnel avant le 31 décembre 2024, date à laquelle, selon les accords avec la CEDEAO, la junte s'engageait à rendre le pouvoir aux civils.
Les accusations contre Cellou Dalein Diallo et les témoignages contradictoires viennent entacher le dossier.
De nombreux analystes considèrent que cette affaire pourrait être utilisée pour nuire à la crédibilité de l’opposant et le mettre hors de jeu politiquement.
L’accusation survient dans un climat où la démocratie guinéenne semble en danger, avec un pouvoir militaire en place et des tensions croissantes.
Des menaces d’arrestation plane sur l’opposant
Le procureur Aly Touré n’a pas hésité à prévenir :
"Si l’inculpé continue de ne pas répondre aux convocations, il n’est pas exclu qu’un mandat d’arrêt soit décerné à son encontre."
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