Ce lundi 4 Décembre 2023, le président bissau-guinéen Umaro Cissoco Embalo a pris tout le monde de court en procédant à la dissolution du parlement. Une décision qui se justifie selon lui par la tentative de putsch que le pays a subi dans la nuit du Jeudi au Vendredi 1er Décembre.
« La date des prochaines élections législatives sera fixée le moment opportun, conformément aux dispositions [...] de la Constitution », indique Embalo dans un décret présidentiel rendu public ce Lundi. Le président y mentionne la « complicité » entre la Garde nationale et « certains intérêts politiques au sein même de l'appareil d'État ».
« Après cette tentative de coup d'État menée par la Garde nationale et devant les preuves fortes de l'existence de complicités politiques, le fonctionnement normal des institutions de la République est devenu impossible. Ces faits confirment l'existence d'une grave crise politique », a-t-il ajouté. Un nouveau bras de fer s’ouvre ainsi dans le pays, alors que le président Embaló et la coalition qui a remporté les dernières législatives entretiennent des relations tendues.
Que dit la loi fondamentale de Guinée-Bissau ?
Toutefois, dans un Etat de droit, il est important de se baser sur la loi avant de prendre toute décision. La constitution de la République de Guinée-Bissau stipule en son article 94-1 qu’il ne peut être procédé à la dissolution de l'Assemblée Nationale Populaire dans les 12 mois qui suivent son élection, ni pendant le dernier semestre du mandat du Président de la République, ni pendant l'état de siège ou d'urgence.
L’assemblée nationale actuelle étant en session depuis seulement 5 mois, le président respecte-il toujours la constitution de son pays, qu’il a prêté serment de servir et de protéger ? Les frictions répétées et les multiples tentatives de déstabilisation que subit le pays ne sont-elles pas la preuve d’une certaine faillite de la classe politique dans son ensemble ?
Pour rappel, jeudi dernier, c’étaient des éléments de la garde nationale qui avaient fait irruption dans les locaux de la police judiciaire dans le but de libérer le Ministre de l'Économie et des Finances, Souleiman Seidi, ainsi que le Secrétaire d'Etat au Trésor public, Antonio Monteiro. Ces derniers étaient soupçonnés par le procureur général nommé par le président, d’avoir soustrait une somme de 10 millions de dollars des caisses de l'État. Membres de la coalition d’opposition formée par l’historique parti PAIGC, ils ont été récupérés puis placés à nouveau en détention.
La Guinée-Bissau vit depuis son indépendance obtenue du Portugal en 1974, une instabilité politique chronique. Plusieurs coups d’Etat ou tentatives ont tristement marqués l’histoire politique du pays. Avant l’épisode du 1er Décembre 2023, le pays avait dû faire face à une autre tentative, qui visait toujours le président Embalo et ses proches. Ces derniers avaient dû se battre des heures durant le 1er Février 2022 au sein même du palais du gouvernement.
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