Alors que la situation sécuritaire en République Démocratique du Congo (RDC) demeure explosive, le président rwandais Paul Kagame a tenu un discours aux accents menaçants, visant les pays africains impliqués dans le soutien à Kinshasa. Son intervention, prononcée lors du Sommet extraordinaire des chefs d'État de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) sur l'Est de la RDC, laisse entrevoir une escalade régionale si les alliances autour de Félix Tshisekedi se renforcent davantage.
Un avertissement à l'Afrique du Sud et aux alliés de Kinshasa
Paul Kagame a révélé avoir échangé récemment avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa sur la crise à l’Est de la RDC, soulignant une implication de Pretoria dans le conflit.
Il accuse ouvertement les dirigeants africains de se laisser manipuler par Kinshasa :
« Pourquoi nous, les dirigeants de nos propres pays, acceptons-nous cela pour continuer éternellement, et accepter qu’on soit manipulés par Tshisekedi ou par ceux qui le soutiennent ? »
Dans cette déclaration, Kagame ne cache pas son irritation face au positionnement de certains États africains, notamment l'Afrique du Sud, qu’il accuse de proférer des menaces contre le Rwanda :
« L’Afrique du Sud a même proféré des menaces pour ce qui pourrait advenir. Bien sûr, nous verrons les résultats de leurs menaces. »
Une allusion à peine voilée aux conséquences que Kigali pourrait réserver aux pays s’alignant sur Kinshasa dans cette guerre.
Une attaque directe contre la stratégie militaire de Tshisekedi
Le président rwandais a aussi critiqué la gestion militaire du conflit par son homologue congolais, mettant en doute l'efficacité du déploiement de troupes étrangères, notamment burundaises, aux côtés des FARDC :
« Je ne comprends pas pourquoi Tshisekedi pense qu’il va résoudre les problèmes liés aux droits de l’homme en militaire. Tuer, tirer, apporter des forces prêtes à aider, comme le Burundi… Je ne sais pas si cela a été utile ces dernières semaines. »
Kagame semble ici défier ouvertement la stratégie de Félix Tshisekedi, tout en minimisant l'impact des alliances militaires formées pour contrer le M23, groupe rebelle soutenu par Kigali.
Un mépris affiché pour le processus diplomatique
Alors que plusieurs pays plaident pour une solution négociée, notamment via le processus de Nairobi, Paul Kagame exprime son scepticisme, estimant que ces initiatives sont devenues inefficaces :
« Le processus de Nairobi est devenu le processus principal. Le processus de Luanda, c’est comme si vous ne pouviez rien dire et que vous déplaisiez au président Lourenço. »
Pour lui, ces négociations n’apportent aucune solution concrète et servent davantage les intérêts politiques de certains acteurs que la résolution effective du conflit.
Un avertissement clair lors du sommet de l'EAC
Lors de ce sommet extraordinaire des chefs d'État de la Communauté d'Afrique de l'Est, Kagame a tenu à replacer la situation dans son contexte.
Il a aussi réaffirmé la position du Rwanda avec une déclaration particulièrement ferme :
« Monsieur le Président, Vos Excellences, je veux que nous disions et quoi que nous ayons l'intention de faire, nous capturons le contexte correctement et nous poursuivions ensuite sur cette base, et peut-être que nous pourrons aller quelque part. Sinon, si nous continuons à nous dire de bonnes choses, à être gentils, et ensuite chacun répond à ses propres intérêts autres que ceux que nous avons en tant qu'Africains de l'Est, alors je ne vois pas comment nous allons contribuer efficacement à trouver une solution. L'autre jour, il y a deux ou trois jours, nous avons perdu des gens, il y a eu beaucoup d'obus de l'est du Congo, de Goma, tué une douzaine de personnes et blessé des centaines. On va certainement s'en occuper, il n'y a pas de doute. »
Comments