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Writer's pictureTowanou Johannes

Gabon : Brice Clotaire Oligui Nguema tire à boulets rouges


Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition au Gabon, a lancé une offensive sans précédent contre la Société d'Énergie et d'Eau du Gabon (SEEG). Face à la persistance des coupures d’électricité et des pénuries d’eau qui paralysent le pays, le chef de l'État a pointé du doigt une gestion catastrophique de l’entreprise, dénonçant un « système mafieux » qui asphyxie les Gabonais. En convoquant les responsables de la SEEG au palais présidentiel, Oligui Nguema a dressé un réquisitoire sévère, exigeant des résultats immédiats et annonçant des sanctions radicales si ses exigences ne sont pas respectées.


Des pratiques mafieuses dénoncées


Dans un discours d’une rare fermeté, Oligui Nguema a mis en lumière des pratiques frauduleuses au sein de la SEEG, les qualifiant de « racket organisé ».


Le président s’est dit révolté par les méthodes employées pour surfacturer les Gabonais, citant notamment l’exemple des compteurs électriques.


« Cette histoire de compteurs frauduleux ne date pas d’aujourd’hui. C’est une manière de racketter les populations ».


Il a expliqué que lorsqu’un client se rend à la SEEG pour demander un compteur, « on lui fait croire qu’il n’y en a plus, mais un sous-traitant vous le vendra à 400 000 francs CFA ».


Ce procédé, selon lui, est l’un des nombreux symptômes d’un système corrompu qui ne sert que les intérêts privés.


Des infrastructures négligées et des dettes impayées


Le président n’a pas seulement dénoncé la fraude. Il a également critiqué l’incapacité de la SEEG à entretenir ses infrastructures et à honorer ses engagements financiers.


« Malgré les recettes réalisées, la SEEG ne parvient même pas à régler ses fournisseurs. C’est honteux ! ».


Il a décrit une situation où les revenus générés par la fourniture de services essentiels ne sont pas réinvestis dans l’entreprise.


« Vous collectez de l’argent sur leurs prestations et vous n’arrivez pas à les payer. Ça veut dire qu’il y a un problème. Ou vous mettez l’argent dans les poches ».


Un ultimatum sur la gestion des nouveaux équipements


Oligui Nguema a également exprimé son agacement face à l’incapacité de la SEEG à mettre en service des équipements récemment livrés.


« On vous a livré 10 groupes. Depuis deux mois, on n’aurait pas vécu cette situation. 10 groupes de 2,5 mégawatts. Ça fait combien de mégawatts qu’on gagne ? ».


Selon lui, ces nouveaux générateurs auraient dû permettre d’améliorer considérablement la fourniture d’électricité, mais la lenteur des opérations de mise en marche a contribué à prolonger les coupures qui affectent le pays.


« Je suis sidéré d’entendre sur 2500 agents de la SEEG que vous n’arrivez pas à mettre ces groupes en marche depuis deux mois qu’ils sont arrivés ».


Le président a cependant annoncé une nouvelle arrivée d’équipements, notamment une centrale flottante, actuellement en mer, qui devrait être opérationnelle d’ici deux mois.


Il a insisté sur la nécessité d'accélérer la mise en service de ces infrastructures afin de répondre aux attentes des Gabonais.


Une série de mesures drastiques pour sauver la SEEG


Oligui Nguema ne s’est pas contenté de dénoncer la situation. Il a également détaillé un plan de redressement ambitieux pour sortir la SEEG de l’impasse.


La nomination d’un administrateur provisoire, Jean Liévin Idoundou Manfoumbi, a été l’une des premières décisions prises.


Chargé de piloter la transformation de l’entreprise, ce dernier devra rétablir la discipline et la transparence au sein de la SEEG.


Le chef de l’État lui a assigné des objectifs précis, en mettant la barre très haut : « J’attends de vous la fermeté, le courage de me briser le système et de me faire tomber les têtes ».


En lui donnant six mois pour obtenir des résultats tangibles, Oligui Nguema a fixé une feuille de route claire : stabiliser la fourniture d’électricité, remettre en ordre la comptabilité et éradiquer les fraudes.


Ces actions doivent être mises en œuvre sans délai pour répondre aux besoins urgents des Gabonais, confrontés depuis trop longtemps à des services publics défaillants.

Des coupes budgétaires pour les cadres de la SEEG


Le président n’a pas hésité à s’attaquer à la gestion financière de l’entreprise, en particulier les salaires exorbitants des cadres dirigeants.


« Je ne veux plus entendre des salaires de 10 millions, de 15 millions, de 20 millions. C’est fini ! », a-t-il martelé, ordonnant une réduction drastique des rémunérations des responsables.


Ces mesures visent à rétablir une forme d’équité et à recentrer les ressources sur les investissements nécessaires pour améliorer les infrastructures.


En outre, Oligui Nguema a annoncé la « dissolution de tous les contrats des sous-traitants » jugés non essentiels, afin de réduire les coûts et d’éliminer les sources de corruption.


Cette décision marque un tournant dans la gestion de la SEEG, où les sous-traitances abusives ont souvent contribué à l’inefficacité générale de l’entreprise.


Des ressources financières pour la transformation


Malgré les critiques sévères et les sanctions imminentes, Oligui Nguema a également promis un soutien financier significatif pour permettre à la SEEG de réussir son redressement.


Il a annoncé la mise à disposition d’une enveloppe de 150 millions d’euros, soit environ 100 milliards de francs CFA, qui sera disponible dans les six semaines.


« Cet argent est destiné à appuyer la transformation du secteur de l’énergie, parce que nous ne pouvons pas continuer ainsi ».


Il a souligné que l’amélioration de la fourniture d’énergie est essentielle pour le développement économique du pays et la satisfaction des besoins de base de la population.


Un appel à la responsabilité collective


En conclusion de son discours, Oligui Nguema a lancé un appel solennel à la responsabilité des dirigeants de la SEEG et de tous les acteurs impliqués dans la gestion du secteur énergétique.


« L’essor vers la félicité que les Gabonais attendent passe par la mise à disposition d’une plus grande capacité énergétique ».


Selon lui, chaque Gabonais doit considérer cet objectif comme « un intérêt supérieur de la nation », invitant ainsi à une mobilisation générale pour sortir le pays de la crise énergétique qui le paralyse.


Le message est clair : l’ère de la complaisance et de la corruption est révolue.


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