Le général Brice Oligui Nguema, président de la transition au Gabon, a annoncé ce vendredi 10 janvier 2025 que la prochaine élection présidentielle se tiendra le 22 mars 2025, anticipant de plusieurs mois la date initiale prévue en août. Cette décision intervient dans un contexte politique marqué par une polarisation croissante et une opposition de plus en plus structurée.
Une décision dans un climat tendu
L’annonce de cette nouvelle date électorale coïncide avec la révision des listes électorales, lancée le 2 janvier et prévue pour s’achever le 31 janvier 2025.
Cette étape cruciale du processus électoral s'inscrit dans une période où le pays traverse une forte polarisation politique.
Depuis le coup d’État du 30 août 2023, qui a mis fin à la dynastie Bongo, le pouvoir militaire tente de maintenir son autorité malgré une baisse notable de popularité de Brice Oligui Nguema.
Parallèlement, une coalition de figures politiques majeures, incluant des opposants historiques comme Albert Ondo Ossa et Alain-Claude Bilie-By-Nze, émerge pour contester la gestion de la transition.
Les enjeux et exigences autour du scrutin
L’organisation de la présidentielle dans un délai raccourci soulève des défis majeurs pour assurer un scrutin crédible.
L’opposition, de plus en plus vocale, émet des exigences précises, dont :
Le retour des militaires dans les casernes à la fin de la transition, avec interdiction de participer aux élections ;
Le retour à la Constitution de 1991, jugée plus légitime que celle adoptée en novembre 2023 ;
Une refonte du Code électoral, pour mettre fin à l’opacité du processus actuel ;
La communication immédiate et détaillée du chronogramme complet de sortie de transition ;
L’appel à une mobilisation populaire, pacifique et démocratique pour garantir la transparence.
Malgré ses promesses initiales de remettre le pouvoir aux civils à la fin de la transition, certaines actions récentes de Brice Oligui Nguema, comme la levée du couvre-feu et ses apparitions publiques lors des fêtes de Noël, laissent planer des doutes sur ses véritables intentions politiques.
Un test pour la transition
Avec la présidentielle de mars 2025, le général Oligui Nguema joue une partie délicate.
L'avancée du scrutin pourrait être perçue comme une tentative de répondre aux critiques nationales et internationales sur la lenteur de la transition.
Cependant, cela pourrait aussi accroître les tensions si les attentes de transparence et d'inclusivité ne sont pas respectées.
Les prochains mois seront déterminants pour l’avenir du Gabon.
La réussite ou l’échec de ce scrutin marquera un tournant dans le processus de transition et influencera durablement la trajectoire politique du pays.
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