Capitaine Ibrahim Traoré / Président de Transition
C'est une décision qui pourrait faire des émules. Le 25 février 2025, la Maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) a lancé une initiative novatrice : mobiliser des détenus pour le nettoyage des caniveaux aux abords du Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga I. Ce projet de Travail d’Intérêt Général (TIG) vise à transformer la réinsertion sociale en une réalité tangible tout en contribuant à l’amélioration du cadre de vie des citoyens.
Une réforme pour désengorger les prisons
Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une réforme judiciaire adoptée en novembre 2024 par l’Assemblée législative de Transition (ALT).
L’un des piliers de cette réforme est l’introduction du TIG comme alternative aux peines d’emprisonnement.
L’objectif est double : d’une part, désengorger les prisons en permettant aux détenus de purger leur peine en dehors des cellules et, d’autre part, leur offrir des opportunités de réhabilitation par des activités au service de la communauté.
En intégrant les détenus à des travaux urbains, les autorités burkinabè entendent non seulement réduire les coûts liés à leur détention, mais aussi leur donner une chance de réintégrer la société en acquérant des compétences utiles.
Le TIG, une solution efficace pour la réinsertion sociale
Placée sous la supervision de la Direction générale de l’administration pénitentiaire (DGAP), cette opération est bien plus qu’une simple mesure punitive allégée.
Elle permet aux détenus de se sentir utiles et de développer une responsabilité sociale.
Dans un pays où le taux de récidive reste une préoccupation majeure, le TIG pourrait devenir une réponse efficace pour prévenir la délinquance répétitive.
Le choix des détenus participant à ces programmes repose sur des critères bien définis, notamment la nature de l’infraction commise et leur comportement en détention.
Ceux qui bénéficient du TIG sont généralement des condamnés pour des délits mineurs, jugés aptes à réintégrer la société sans risque pour la sécurité publique.
Une justice plus efficace et humaine
En parallèle de cette initiative, le Tribunal de grande instance Ouaga I a mené une opération spéciale baptisée « Casiers vides » du 20 au 30 janvier 2025.
L’objectif était de traiter un stock impressionnant de dossiers en attente depuis plus de dix ans.
En seulement cinq jours, pas moins de 965 affaires ont été jugées, un record qui illustre la volonté des autorités judiciaires d’accélérer le processus judiciaire et de désengorger les prisons.
L’association de ces deux réformes – la mise en place du TIG et l’accélération des jugements – marque un tournant majeur dans la politique pénale du Burkina Faso.
Loin d’être un simple allègement des sanctions, ces mesures traduisent une vision plus humaine de la justice, où la réhabilitation des détenus est perçue comme un levier essentiel pour réduire la criminalité et renforcer la cohésion sociale.
Vers un modèle à suivre ?
L’initiative de Ouagadougou pourrait inspirer d’autres pays africains confrontés à des défis similaires en matière de surpopulation carcérale et de réinsertion des détenus.
En intégrant les condamnés dans des actions concrètes pour le bien public, le Burkina Faso montre qu’il est possible de conjuguer justice et réinsertion sans renoncer à la fermeté.
Avec des résultats encourageants, il ne serait pas surprenant de voir ce type de programme s’étendre à d’autres villes burkinabè.
Le défi reste cependant de garantir un suivi post-TIG efficace, afin que ces détenus, une fois libérés, puissent trouver un emploi et éviter de replonger dans la criminalité.
Le Burkina Faso est-il en train de poser les bases d’une justice plus moderne et plus équitable ?
Seul l’avenir le dira, mais une chose est sûre : une seconde chance est désormais possible pour de nombreux détenus qui, au lieu de croupir en prison, contribuent aujourd’hui à rendre leur ville plus propre.
Comments