Donald Trump / Président des États-Unis d'Amérique
Dans un revirement spectaculaire mais cohérent avec sa vision isolationniste, Donald Trump a ordonné la fermeture définitive de la Millennium Challenge Corporation (MCC), une agence emblématique de l’aide américaine au développement.
Cette décision, annoncée lors d'une réunion confidentielle tenue le 23 avril 2025, intervient peu de temps après la suspension de l’USAID, dans une dynamique plus large de repli stratégique des États-Unis sur la scène du développement mondial.
Créée en 2004 sous George W. Bush, la MCC incarnait une nouvelle vision de l’aide internationale, fondée sur des critères de performance, de bonne gouvernance et d’investissement dans les infrastructures durables.
En deux décennies, elle avait injecté près de 17 milliards de dollars dans des projets en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Elle a notamment financé des routes, des systèmes d’irrigation et le réseau électrique en Zambie, à hauteur de 500 millions de dollars.
Clap de fin brutal pour une agence respectée
Lors d’une réunion avec les employés, un responsable a confirmé que l’agence "s’acheminait vers une fermeture", mettant fin à l’ensemble de ses programmes.
Pire encore : certains chantiers pourraient être abandonnés immédiatement, sans délai de transition, notamment dans les projets routiers.
Dès ce vendredi 25 avril, les pays concernés recevront une notification officielle annonçant que les accords d’investissement s’achèveront dans les 40 jours.
Toutefois, après négociation avec des équipes d’Elon Musk, une exception temporaire a été accordée à quatre pays : le Sénégal, la Mongolie, le Népal et la Côte d’Ivoire.
Au Sénégal et en Mongolie, les autorités disposent d’un délai de trois mois pour sécuriser les chantiers en cours.
En Côte d’Ivoire, où un projet routier touche à sa fin, un délai supplémentaire a été prévu.
Un désengagement politique calculé
La fermeture de la MCC n’est pas qu’un geste budgétaire. Elle s’inscrit dans la volonté de Donald Trump de réorienter l’aide étrangère vers des axes jugés “directement profitables” aux États-Unis.
Officiellement, l’objectif est de cesser de “subventionner des bureaucraties étrangères inefficaces” et de renforcer l’impact stratégique des fonds américains.
Mais cette politique suscite l’inquiétude. Car la MCC était, jusqu’à présent, l’un des rares outils d’aide américaine bénéficiant d’un consensus bipartite à Washington, soutenue tant par les Républicains que les Démocrates.
Un vide laissé en afrique et ailleurs
La MCC était souvent perçue comme un partenaire fiable et transparent, notamment en Afrique, où elle soutenait des projets structurants dans l’énergie, l’éducation et les infrastructures. Sa disparition, brutale, laisse un vide difficile à combler.
À l’instar de la Chine, d'autres puissances pourraient rapidement occuper le terrain laissé vacant par les États-Unis, en particulier dans les pays qui misaient sur la MCC pour structurer leur croissance.
Des projets clés, comme les lignes de transmission électrique au Népal, se retrouvent ainsi en suspens, créant incertitudes et tensions.
Une amérique de plus en plus absente de la coopération mondiale
Après l’USAID, c’est désormais la MCC qui disparaît.
Ce double retrait illustre une nouvelle doctrine américaine du désengagement, à rebours de décennies de leadership mondial en matière de développement.
Le message envoyé est clair : l’Amérique se replie, laissant à d’autres le soin, ou l’opportunité, de redéfinir les règles du jeu dans la coopération internationale.
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