Des soldats accusés après la diffusion de vidéos de mutilation
Le cannibalisme serait-il désormais dans les pratiques des forces et de défense ? La question mérite en tout cas d'être posée. Les autorités burkinabées ont déclenché une enquête après la diffusion d'une vidéo montrant des individus en uniforme militaire mutilant un corps humain, une scène qui a profondément choqué le public. L’état-major général des armées du Burkina Faso a immédiatement réagi, exigeant une vérification de l’authenticité de la vidéo pour identifier les auteurs présumés de cet acte. « Les services compétents ont été saisis afin de vérifier l’authenticité et l'origine de cette vidéo et d’identifier les responsables, si les faits sont avérés », précise un communiqué de l’armée.
Un acte jugé intolérable par l’armée burkinabée
Dans son communiqué, l’état-major a fermement dénoncé cet acte, le qualifiant d’« inqualifiable » et de « contraire aux valeurs militaires » des Forces armées nationales (FAN) et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).
Ces unités, qui incluent des civils engagés pour soutenir l’armée dans sa lutte contre les groupes armés, sont régulièrement critiquées pour des pratiques violentes, des accusations que les autorités burkinabées démentent systématiquement.
Ce nouvel enregistrement, s'il s’avère authentique, risque d’aggraver une réputation déjà entachée par des allégations similaires.
Des violences systémiques dans un contexte explosif
Depuis 2015, le Burkina Faso est en proie à une grave insécurité due aux attaques fréquentes de groupes djihadistes.
La situation a généré des milliers de victimes, dont plus de 26 000 morts, et déplacé plus de deux millions de personnes.
Malgré les efforts militaires pour reconquérir le territoire et les promesses du capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis le coup d'État de 2022, de placer la lutte antiterroriste au centre de son mandat, les accusations de violences et d’abus, notamment les mutilations et exécutions extrajudiciaires, ternissent cette lutte.
Pression internationale et exigence de responsabilité
Des organisations internationales de défense des droits humains, telles que Human Rights Watch, suivent de près les actions de l’armée burkinabée et lancent régulièrement des alertes concernant des abus présumés.
En avril dernier, Human Rights Watch a accusé les forces burkinabées d'avoir exécuté au moins 223 civils, dont 56 enfants, dans le nord du pays.
L’ONG appelle à des enquêtes impartiales et à des mesures strictes pour garantir le respect des droits humains, rappelant que la lutte contre le terrorisme ne justifie pas de tels abus.
Les révélations de cette vidéo surviennent à un moment critique pour le Burkina Faso, qui recherche des appuis internationaux pour sécuriser ses frontières et restaurer la confiance avec la population.
Face à la pression croissante, les autorités burkinabées devront prouver leur engagement à punir les auteurs de tels actes s'ils sont issus de leurs rangs, afin de ne pas perdre l’appui de la communauté internationale.
L’exigence d’une discipline renforcée
Si les faits sont confirmés, les responsables encourent de lourdes sanctions, mais certains observateurs appellent à un renforcement des mesures de contrôle au sein de l'armée et des VDP.
Pour beaucoup, cette affaire révèle l'ampleur des défis internes auxquels l'armée burkinabée doit faire face.
Ceci, afin de maintenir une cohésion et des pratiques respectueuses des droits humains, même dans un contexte de violence extrême et de lutte contre le terrorisme.
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