C'est une sortie qui pourrait raviver de vieilles blessures dans un pays toujours en quête de réconciliation. Robert Bourgi, l'ancien conseiller officieux de Nicolas Sarkozy pour les affaires africaines, a récemment dévoilé des détails explosifs sur France 24, concernant les coulisses de la chute de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire. Son témoignage jette une lumière nouvelle sur l'implication de la France dans la crise ivoirienne. Une sortie sur France 24 à la faveur de son nouveau livre intitulé : "Ils savent que je sais tout - Ma vie en Françafrique".
"Je suis complice d'une trahison"
Dans son intervention, Bourgi admet avoir été témoin et acteur des derniers moments de la présidence de Laurent Gbagbo.
Il confie avoir souffert profondément de l'arrestation de l'ex-président ivoirien et de son transfert à La Haye.
« Quand Laurent est tombé et qu'il est allé à la Haye, j'en ai beaucoup souffert. Je suis complice d'une trahison »
Il a ensuite poursuivi en expliquant qu'il a vécu ces événements directement aux côtés de Nicolas Sarkozy.
Gbagbo avait gagné les élections
Robert Bourgi ne mâche pas ses mots lorsqu'il affirme :
« Laurent avait gagné les élections. Nous savons qu'il les avait gagnées. »
Pourtant, malgré cette victoire présumée, Gbagbo a été confronté à une pression internationale, notamment de la France, pour quitter le pouvoir.
Sarkozy, dans une démarche présentée comme une tentative de sortie honorable, aurait demandé à Bourgi de contacter Gbagbo.
« Le Président Nicolas Sarkozy me dit ; il va falloir que tu appelles ton ami Gbagbo pour lui dire de partir, il aura un statut d’ancien Chef d’État. »
La réponse cinglante de Gbagbo
Cependant, la réponse de Laurent Gbagbo n'a pas tardé à arriver, et elle a pris la forme d'un défi direct. Selon Bourgi, Gbagbo aurait répondu :
« Tu diras à ton ami Sarkozy que je serai son Mugabé. »
Une référence à l'ancien président du Zimbabwe, Robert Mugabé, qui a résisté pendant des décennies à la pression internationale pour quitter le pouvoir.
"Je vais le vitrifier"
La réaction de Sarkozy à cette réponse fut sans équivoque. Selon Bourgi, l'ancien président français aurait alors déclaré, furieux :
« Puisque c'est ça, je vais le vitrifier. »
Dans ce contexte, « vitrifier » signifierait tout simplement anéantir Gbagbo, le forcer à céder par tous les moyens.
Des révélations qui relancent le débat
Ces révélations de Robert Bourgi sont un nouvel éclairage sur les interventions de la France en Afrique, et particulièrement sur son rôle dans la crise ivoirienne de 2010-2011.
Elles relancent le débat sur l'influence française dans ses anciennes colonies, et soulèvent des questions sur la manière dont les élections ivoiriennes ont été gérées par la communauté internationale.
Alors que Laurent Gbagbo est aujourd'hui libre et de retour en Côte d'Ivoire, ces propos risquent de réveiller des tensions et de rouvrir des plaies encore sensibles, tant dans le pays qu'au sein de la diaspora ivoirienne.
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