
Lors de sa rencontre avec la diaspora ivoirienne à Paris, Tidjane Thiam a décidé de répondre aux attaques incessantes dont il fait l’objet depuis son entrée en politique.
L’ancien patron du Crédit Suisse, aujourd’hui figure majeure de l’opposition, a tenu à préciser que son attitude conciliante et polie n’était en aucun cas un signe de faiblesse.
« Depuis que je suis arrivé, j’ai toujours adopté un ton conciliant, poli, à tel point que certains m’ont traité de "trop mou, trop poli". Mais c’est délibéré. Comme tout le monde, moi aussi je peux être impoli. Être poli, c’est un choix, ce n’est pas nécessairement de la faiblesse. »
Cependant, malgré cette posture, il affirme avoir été la cible de calomnies et d’injures répétées.
Il décrit ses opposants du RHDP comme une « machine qui n’a qu’un seul mode de fonctionnement », soulignant leur agressivité constante, même lorsqu’aucune provocation ne leur est adressée.
Il est également revenu sur la répression exercée contre son mouvement, rappelant l’intervention musclée du pouvoir pour empêcher la tenue du congrès de son parti le 15 décembre 2023.
« Ils nous ont envoyé 39 cargos de police. Dans la vie, on ne contrôle pas les événements, mais ce qu’on contrôle toujours, c’est comment on réagit aux événements. »
Une corruption endémique et structurelle
Tidjane Thiam n’a pas seulement critiqué le climat politique, il a aussi dénoncé la corruption massive qui gangrène l’administration ivoirienne.
Selon lui, le niveau de corruption actuel est « sans précédent » et touche tous les secteurs, avec une mention particulière pour les douanes et les impôts.
« Il n’y a pas un directeur des douanes qui n’est pas allé à la retraite milliardaire. C’est structurel. Peu importe la personne que vous mettez là, ça finit de la même façon. Pareil pour les impôts. »
Pour mettre fin à ces pratiques, il propose la généralisation de la facturation électronique, une mesure qui, selon lui, limiterait les possibilités de détournement.
Accusations contre Ouattara : la stratégie du "diviser pour mieux régner"
Tidjane Thiam a également dénoncé les manœuvres du pouvoir en place visant à l’affaiblir politiquement.
Il accuse directement le gouvernement d’avoir orchestré les plaintes portées contre lui au sein même de son parti, le PDCI.
« C’est très habile de la part du gouvernement d’avoir suscité ces gens au PDCI qui portent plainte contre moi. C’est très subtil, parce qu’on essaie d’alerter l’extérieur en disant : "Non, non, ce sont des problèmes internes." »
Il va encore plus loin en affirmant que l’avocat de ses opposants internes est un proche du Conseil Constitutionnel, ce qui, selon lui, illustre la collusion entre le pouvoir judiciaire et le gouvernement.
« L’araignée ne traverse pas le mur qui n’est pas fendu. »
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