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Writer's pictureTowanou Johannes

Côte d'Ivoire : Abidjan réagit à la sortie d'Emmanuel Macron sur l'Afrique

Emmanuel Macron / Alassane Ouattara

Le départ des troupes françaises des pays africains suscite des tensions diplomatiques et une série de réactions variées. Alors qu’Emmanuel Macron affirme que ces retraits relèvent d’une décision unilatérale de Paris, certains pays africains s’insurgent contre ce qu’ils perçoivent comme des propos condescendants. La Côte d’Ivoire, initialement silencieuse, a finalement réagi, mais avec une posture nuancée, loin de la fermeté affichée par d’autres États comme le Sénégal ou le Tchad.


Côte d’Ivoire : une réponse détachée


Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement ivoirien, a déclaré ce 8 janvier 2025 :

« Pour ce qui concerne les pays qui devraient être reconnaissants à la France, en tout cas, moi, je ne me souviens pas que la France ait mené de combat pour la Côte d’Ivoire. Donc, nous ne sommes pas particulièrement concernés par ces propos. »

Cette réponse, bien que claire sur le désengagement de la Côte d’Ivoire des propos de Macron, reste mesurée.


Le gouvernement ivoirien semble vouloir éviter un affrontement direct avec Paris.


Ce choix contraste avec les réactions beaucoup plus incisives du Sénégal et du Tchad.


Sénégal et Tchad : la fermeté en avant


Au Sénégal, le Premier ministre Ousmane Sonko a vivement réfuté les propos de Macron :

« Cette affirmation est erronée. Aucune discussion ni négociation n'a eu lieu à ce jour, et la décision prise par le Sénégal relève exclusivement de sa souveraineté, en tant que nation libre et indépendante. »

De son côté, le Tchad, par la voix du président Mahamat Idriss Deby Itno, a exprimé une indignation encore plus marquée :

« Je crois qu'il se trompe d'époque. En ce qui concerne le Tchad, la décision de mettre fin à l'accord de coopération militaire avec la France est entièrement une décision souveraine. »

Ces deux prises de position montrent une volonté claire de défendre la souveraineté nationale face à ce qui est perçu comme une tentative de minimiser les décisions africaines.


Côte d’Ivoire : une posture ambiguë


Le ton détaché adopté par la Côte d’Ivoire interpelle. En affirmant « nous ne sommes pas concernés », le gouvernement ivoirien semble vouloir se dissocier des tensions croissantes entre Paris et plusieurs capitales africaines.


Toutefois, cette réserve peut être interprétée comme une volonté d’éviter une confrontation directe avec la France.


Ceci, en particulier dans un contexte où les liens économiques et diplomatiques restent étroits.


Un contraste révélateur


La différence de ton entre les trois pays souligne des dynamiques variées dans les relations avec la France.


Là où le Sénégal et le Tchad défendent ouvertement leur souveraineté, la Côte d’Ivoire adopte une approche plus prudente.


Cela pourrait refléter des priorités stratégiques différentes ou des calculs politiques internes.


Macron : des propos qui divisent


En affirmant que la France décide seule du retrait de ses troupes, Emmanuel Macron a non seulement froissé plusieurs États africains, mais aussi provoqué des critiques au sein même de la classe politique française.


Cette sortie médiatique, perçue comme infantilisante, pourrait compliquer davantage les relations entre Paris et ses anciens partenaires africains.


Le départ des troupes françaises marque une étape symbolique dans la redéfinition des relations entre la France et l’Afrique.


Mais la manière dont ces départs sont perçus et gérés varie d’un pays à l’autre, révélant des rapports de force et des sensibilités politiques distinctes.


Si le Sénégal et le Tchad ont choisi de réaffirmer leur souveraineté, la Côte d’Ivoire, en se tenant à l’écart des polémiques, semble opter pour une voie plus conciliante.


La question demeure : cette divergence stratégique est-elle un signe de division au sein des nations africaines face à l’influence française, ou reflète-t-elle simplement des priorités nationales distinctes ?


Une chose est sûre : l’ère des relations asymétriques semble toucher à sa fin.



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