Après la mort du sphinx de Daoukro Henri Konan Bédié, le PDCI se cherche un nouveau leader avec en point de mire, les prochaines élections présidentielles en Côte d'ivoire. Cinq grandes figures du paysage politique ivoirien se sont déclarées aptes à compétir pour prendre la succession de l’ancien président de la République ivoirienne. Une lutte très âpre s’annonce entre ces 5, sans compter d’autres leaders, pas candidats mais dont l’appétit pour briguer la magistrature suprême reste intact. Qui pour prendre alors la succession du sphinx et fédérer le parti pour cette élection charnière pour l’avenir du parti ?
« Noël Akossi Bandjo, Maurice Kakou Guikahué, Tidjane Thiam, Jean-Marc Yacé et Koumoué Moise ». Voilà les figures marquantes déjà dans les starting blocks.
Noël Akossi Bandjo a été directeur général au sein du conseil d'administration de plusieurs entreprises. En mars 2001, il a été élu maire PDCI à Abidjan au plateau. Il fut décoré par le groupe Afrique intelligent du Super prix Africain de l'Excellence (SPADE) le 27 juillet 2018 en tant que meilleur maire d'Afrique et meilleur gestionnaire de collectivités locales. Pour des raisons politiques, il avait quitté le pays en dénonçant une cabale du régime en place. S'il arrivait qu'il soit élu président du PDCI, il deviendra le premier président de ce vieux parti à ne pas avoir ses origines dans la région de l'ex-président Henri Konan Bédié.
Quant à Maurice Kakou Guikahué, il a été ministre de la santé entre 1993 et 1995 sous le régime Duncan. Il aurait été impliqué dans l'affaire des 18 milliards de l'Union Européenne qui a éclaté en 1999. La somme, qui devait être investie dans du matériel médical au profit des hôpitaux ivoiriens, fut détournée par plusieurs personnalités de l'État. Il est membre du PDCI dont il a été le secrétaire exécutif depuis le 12e congrès de 2013. Professeur de cardiologie à la faculté de médecine de l'Université de Cocody à Abidjan et cardiologue pédiatre à l'institut de cardiologie du Centre Hospitalier Universitaire de Treichville, il a notamment eu des démêlés avec la justice ivoirienne en 2020. Il fut incarcéré mais vite évacué en France pour raison de santé. Après la mort de Konan Bédié, président du PDCI, il fait partie des plus proches et nourrit donc légitimement l’ambition de briguer la succession.
Tidjane Thiam, est ancien ministre du développement de la Côte d'Ivoire sous Henri Konan Bédié et également PDG du Crédit Suisse. Il est soutenu par plusieurs membres qui apprécient son leadership et sa capacité à ramener le parti au pouvoir. Cependant, ses détracteurs estiment qu’il lui manque une certaine expérience politique. Toutefois, ses qualités de technocrate brillant sont saluées, même hors du PDCI. Mieux, sa mère est la nièce de Felix Houphouët-Boigny, président fondateur du PDCI et premier président de la République de Côte d’Ivoire. Son oncle du côté paternel, Habib Thiam fut également premier-ministre du Sénégal pendant plus de dix ans et également président de l’assemblée nationale sénégalaise.
Jean-Marc Yacé lui, est un homme politique ivoirien et un chef d'entreprise. Il est maire de la commune de Cocody depuis 2018 et a été réélu en 2023. Sa réélection est la preuve s'il en est besoin, du travail qu'il effectue dans cette commune populaire. Il est aussi membre du parti Démocratique de la Côte d'Ivoire.
En ce qui concerne Koumoué Koffi, il est de la même région que l'ex-président Henri Konan Bédié et membre du Pdci-Rda. Ministre de l'économie et des finances sous Félix Houphouët-Boigny, il a également participé à la mise en place du plan d'ajustement structurel du gouvernement. Après son départ du gouvernement, il fut président du conseil d'administration de la Compagnie Ivoirienne de Développement (CID).
Qui de tous ces candidats est le mieux armé ?
Tidjane Thiam serait le favori des primaires du PDCI et cela pourrait le placer en bonne position dans la perspective des prochaines élections présidentielles. Son leadership et son expérience du système financier mondial pourraient l'aider à trouver des alliés à la Côte d'Ivoire et faire venir plusieurs investisseurs privés. Cependant Thiam, absent du pays pendant deux décennies, est perçu par certains comme pas assez imprégné des réalités quotidiennes des ivoiriens. Ses challengers sont tous dotés d’une expérience certaine et pourraient chacun apporter un plus au débat de qualité requis en politique de nos jours. Quoi qu'il en soit, le candidat du PDCI à la présidentielle aura fort à faire.
Le président du parti sera-t-il de facto candidat à la présidentielle ?
Cette question mérite d’être posée. En effet, outre ces candidats qui ont, semble-t-il, rempli les conditions à la présidence du parti, d’autres nourrissent des ambitions légitimes. Jean Louis Billon est de ceux-là. Né à Bouaké, il est un homme politique ivoirien pétri d’expérience. Homme d’affaires, il fut ministre du commerce de 2012 à 2017. PDG du plus grand groupe privé de Côte d’Ivoire, il est l’une des personnes les plus riches du pays. Ancien maire, président du conseil régional du Hambol. Il fut aussi porte-parole du PDCI. Il pourrait se porter candidat à la présidentielle même s’il lui manque le parrainage d’un parti important comme le PDCI. En effet, on voit mal comment le nouveau président du parti pourrait ne pas se porter candidat à la présidentielle et laisser sa place par exemple à Jean-Louis Billon.
En attendant de connaitre le prochain candidat du parti, le congrès extraordinaire qui désigne le nouveau président se tiendra le 16 décembre 2023. 6.000 membres du parti devraient voter pour élire le président du PDCI pour définitivement tourner la page du sphinx de Daoukro, Henri Konan Bédié.
Kévin TCHEDE (stag)
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