Cameroun / présidentielle : Paul Biya ; la candidature de trop ?

Paul Biya / Président du Cameroun

Le président camerounais Paul Biya, en poste depuis 1982, a officiellement confirmé sa candidature pour un huitième mandat présidentiel lors des élections prévues en octobre 2025. Âgé de 92 ans, il poursuit ainsi sa longue carrière politique, suscitant à la fois soutien et controverse.

Une candidature officialisée par son entourage

L’annonce a été faite ce jeudi par Cavayé Yéguié Djibril, président de l’Assemblée nationale, qui a déclaré dans une vidéo :

« Le chef de l’État, son excellence Paul Biya, est le candidat de la région de l’Extrême-Nord à la prochaine élection présidentielle. »

Cette désignation intervient dans un contexte où le Cameroun se prépare à une compétition politique intense.

La Constitution camerounaise, qui n’impose ni limite d’âge ni restriction sur le nombre de mandats présidentiels, permet à Paul Biya de briguer un nouveau mandat.

Son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), reste une force dominante, bien que le pays traverse des crises économiques et sociales majeures.

Une opposition fragmentée

Malgré sa longévité politique, Paul Biya fait face à une opposition de plus en plus critique.

Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), reste un adversaire redoutable.

Lors de l’élection présidentielle de 2018, Kamto avait revendiqué la victoire avant d’être défait dans un contexte marqué par des allégations de fraude.

D’autres figures politiques, telles que Joshua Osih du Social Democratic Front (SDF) et Akere Muna, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats, sont également pressenties pour se présenter.

Cependant, les divisions au sein de l’opposition pourraient à nouveau jouer en faveur de Biya et du RDPC.

Une présidence marquée par des défis

Né le 13 février 1933 à Mvomeka’a, Paul Biya est l’un des dirigeants les plus anciens au monde.

Succédant à Ahmadou Ahidjo en 1982, il a progressivement renforcé son pouvoir, notamment à travers des réformes économiques et politiques dans les années 1990.

Cependant, son régime a souvent été critiqué pour son autoritarisme et ses élections contestées.

Depuis 2016, la crise dans les régions anglophones, où des séparatistes réclament l’indépendance, a plongé le Cameroun dans un conflit violent et prolongé, avec des milliers de morts et de déplacés.

La candidature de trop ?

À 92 ans et après plus de 40 ans au pouvoir, la candidature de Paul Biya soulève des interrogations sur la pertinence de son maintien à la tête de l’État.

Pour certains, ce huitième mandat apparaît comme une tentative de trop.

En effet, dans le contexte actuel, le Cameroun semble avoir besoin d’un renouveau politique pour affronter des défis complexes.

Il s'agit notamment de la crise anglophone, la corruption et le chômage des jeunes.

Biya, malgré son expérience, est critiqué pour son éloignement des réalités quotidiennes du pays, amplifié par des apparitions publiques de plus en plus rares.

Ses détracteurs estiment que son long règne symbolise l’immobilisme et freine l’émergence d’une nouvelle génération de dirigeants.

Mais pour ses partisans, il demeure un pilier de stabilité dans une Afrique centrale souvent marquée par des bouleversements politiques.

Ce débat entre continuité et changement risque d’être au cœur des discussions lors de l’élection présidentielle de 2025.

Le poids de l’histoire

Avec cette candidature, Paul Biya s’inscrit encore davantage dans l’histoire du Cameroun et du continent africain comme un dirigeant emblématique, mais controversé.

Son huitième mandat, s’il est élu, pourrait être déterminant pour l’avenir d’un pays en quête de stabilité et de renouveau.

L’élection d’octobre 2025 s’annonce cruciale, tant pour la pérennité de son régime que pour l’opposition, qui devra relever le défi de l’unité pour espérer un véritable changement politique.

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