Bénin : retour au rêve pétrolier ou projet crédible ?
Le Bénin se prépare une nouvelle fois à rejoindre le club des pays producteurs de pétrole, avec une annonce officielle du ministre de l'Énergie, de l’Eau et des Mines, Seidou Adambi. Le ministre a confirmé que dès 2025, le pays commencera l'exploitation et l'exportation du pétrole brut, après plus de huit ans de préparations et de travaux en eaux profondes. Mais cette promesse n'est pas sans rappeler une annonce similaire faite il y a plus d'une décennie, sous la présidence de Boni Yayi. Alors, quelle crédibilité accorder à ce nouveau projet ?
Un précédent sous Boni Yayi : l'euphorie vite retombée
Sous le régime de l'ancien président Boni Yayi, une découverte pétrolière avait déjà suscité l'enthousiasme.
Le ministre de l'époque, Barthélémy Kassa, avait annoncé avec éclat la découverte d'un puits pétrolier au large du Bénin, entouré de Mme Daisy Danjuma, vice-présidente exécutive de la société nigériane Sapetro, qui dirigeait les opérations de recherche.
À l’époque, les prévisions promettaient des recettes estimées à près de 12 000 milliards de FCFA sur 14 ans, grâce à 87 millions de barils de pétrole.
Cependant, les espoirs avaient rapidement été douchés. Les réserves découvertes se sont avérées bien plus modestes que prévu, et l'exploitation commerciale n'a jamais réellement démarré.
Cette expérience passée a laissé un goût amer chez de nombreux Béninois, qui se montrent aujourd'hui sceptiques face à la nouvelle annonce du gouvernement.
Les doutes persistent, d'autant plus que les promesses d'autrefois avaient coïncidé avec des enjeux politiques sensibles, alimentant les soupçons sur les motivations réelles du pouvoir.
La transparence, un enjeu clé pour la crédibilité
Pour que l'annonce de Seidou Adambi soit prise au sérieux, le gouvernement devra cette fois-ci faire preuve d'une plus grande transparence.
Il est essentiel de clarifier les chiffres exacts des réserves et de partager les détails des accords avec les partenaires étrangers.
Dans le passé, le manque de communication précise avait soulevé de nombreuses interrogations, notamment sur les parts des revenus revenant au Bénin et celles perçues par les sociétés partenaires, comme Sapetro.
Entre opportunité économique et enjeux politiques
L'annonce de cette future production pétrolière intervient dans un contexte où le pays fait face à plusieurs défis socio-économiques.
Si le projet se concrétise, il pourrait offrir au Bénin une chance de diversifier son économie et de renforcer son développement.
Toutefois, certains observateurs n'hésitent pas à se demander si cette annonce n'a pas également un volet politique, visant à distraire l'opinion publique ou à préparer le terrain pour des échéances électorales.
La mise en production du pétrole au Bénin pourrait en effet devenir un levier politique important.
Pour éviter que les soupçons ne prennent le dessus, le gouvernement devra non seulement garantir la transparence, mais aussi prouver que cette fois-ci, le rêve pétrolier ne se dissipera pas comme une illusion.
La balle est dans le camp des autorités, qui ont tout à gagner en adoptant une approche rigoureuse et ouverte, pour éviter les erreurs du passé.
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