L’affaire du Général Louis-Philippe Houndegnon continue de secouer la scène judiciaire béninoise. Accusé d'« incitation à la rébellion » et de « harcèlement par des moyens électroniques », l'ancien Directeur Général de la Police a comparu ce lundi devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Cependant, le procès a été reporté dans des circonstances jugées controversées par ses avocats.
Une comparution sous tension
Lors de l’audience, les avocats du Général Houndegnon ont révélé un fait troublant : avant même la fin de son audition, un mandat de dépôt à son nom avait déjà été signé.
Cette situation, selon eux, prouve que la décision de détention était prédéterminée, compromettant ainsi l’équité du processus judiciaire. Maître Habiba Touré, membre de l'équipe de défense :
« On s'est rendu compte que les dés étaient déjà jetés, que la messe était dite, lorsqu'on voit les éléments concernant le mandat de l'époque sur lequel il figurait une date manifestement antidatée. »
Pour étayer leurs affirmations, ses conseils ont brandi deux documents officiels prouvant la chronologie douteuse de la procédure.
Des moyens de nullité évoqués
En plus de ces irrégularités, l’équipe de défense a soulevé plusieurs moyens de nullité, notamment sur les conditions d’interpellation du Général Houndegnon.
« Il a été soulevé un certain nombre de moyens de nullité, spécialement les conditions d'interpellation du Général... Des policiers en civil qui ne se sont pas annoncés ont quand même escaladé sa clôture pour procéder à son interpellation... Tous ces moyens ont été évoqués. »
Cette intervention musclée, effectuée sans mandat apparent et dans des conditions jugées arbitraires, constitue selon la défense une violation manifeste des droits fondamentaux de leur client.
Le Ministère Public minimise les révélations
Malgré ces éléments, le ministère public a tenté de minimiser la gravité de l’irrégularité, qualifiant l'affaire de « détail inutile ».
Une posture qui a suscité l’indignation de l’équipe de défense.
« On parle quand même de l'ancien Directeur Général de la Police, qui est aujourd'hui poursuivi pour des faits de harcèlement sur, dit-on, les autorités politiques administratives de l'État. Si maintenant le fait d'émettre des critiques constitue un harcèlement, il y a un vrai problème. »
Face à cette situation tendue, le juge a finalement décidé de reporter l'audience au 27 janvier prochain, laissant l’accusé en détention.
Des accusations toujours controversées
Le Général Houndegnon est poursuivi pour des faits que ses avocats qualifient d’« absurdes ».
Selon eux, critiquer le gouvernement ou dénoncer des dysfonctionnements ne saurait constituer une incitation à la rébellion.
« Encore une fois, la critique n'est pas une incitation à la rébellion. Le fait même qu'il soit détenu est scandaleux. »
Elle a rappelé que son client avait, au contraire, joué un rôle de lanceur d'alerte en signalant des tentatives suspectes visant à l’impliquer dans des actions illégales :
« Ce qui est grave, ce n'est pas le fait qu'il le dise, c'est le fait qu'il a été approché. Et lui, il le dénonce, il le dit. Et par cela, il attire l'attention des citoyens, mais également du pouvoir. »
Une détermination inébranlable
Malgré son incarcération et les charges retenues contre lui, le Général Houndegnon reste combatif et résolu à prouver son innocence.
« Il ne peut être que fort et déterminé, et surtout assez serein, puisqu'il sait qu'il n'a rien fait. La critique n'est pas un crime ni un délit. »
Elle a conclu en réaffirmant la détermination de son équipe à obtenir justice :
« Bien évidemment qu'il soit remis en liberté, et qu'il soit blanchi dans cette affaire, qu'il soit relaxé. C'est ce, en tout cas, toute la défense va s'évertuer de travailler à sa remise en liberté et à sa relaxe. »
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