Au Bénin, c'est une audience sous haute tension qui s'est ouvert ce matin à la CRIET, la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme. Olivier Boko, homme d’affaires réputé et proche du président Patrice Talon, comparaît ce mardi 21 janvier 2025 devant la CRIET à Cotonou, aux côtés de l’ancien ministre des Sports, Oswald Homéky. Accusés de complot contre l’autorité de l’État dans le cadre d’une supposée tentative de coup d’État, ils affrontent un procès retentissant.
Des accusations graves et un contexte explosif
Les charges retenues contre Olivier Boko, Oswald Homéky et trois autres prévenus incluent complot contre l’État, corruption d’agent public et falsification de certificats.
L’affaire, révélée fin septembre 2024, avait conduit à leur mise sous mandat de dépôt dès le 1er octobre 2024.
Selon les autorités, les accusés auraient tenté de recruter des militaires, notamment le commandant de la Garde nationale, Dieudonné Tévoèdjrè, contre une somme de 1,5 milliard FCFA, pour renverser le président.
La défense dénonce des irrégularités
Dès l’entame du procès, la défense a contesté la composition de la Cour, affirmant qu’elle ne respectait pas l’article 254 du code de procédure pénale, qui exige la présence de cinq membres pour juger en matière criminelle.
Cependant, la Cour, citant une pénurie de magistrats, a décidé de maintenir sa composition à trois membres, justifiant cette pratique comme étant usuelle à la CRIET.
Les avocats de la défense, insatisfaits de cette décision, ont souligné son illégalité.
Maître Kato Atita a dénoncé une situation où « la pratique supplante la loi ». La division entre le ministère public et la défense sur cette question a mené à plusieurs suspensions de l’audience.
Retrait inattendu des avocats d’Olivier Boko
Le coup de théâtre est survenu après la décision de la Cour de joindre les exceptions soulevées au fond, permettant ainsi la poursuite des débats sans trancher immédiatement sur la composition.
Me Ayodélé Ahounou, principal avocat d’Olivier Boko, a annoncé sa déconstitution, déclarant que son client avait perdu confiance en l’impartialité de la Cour.
Tous les avocats de Boko se sont ensuite retirés, estimant que la composition actuelle de la Cour était « illégitime et illégale ».
Selon eux, la présidente de la Cour serait proche du cercle d’amis du président Patrice Talon, ce qui remettrait en cause l’équité du procès.
Une audience au climat tendu
Malgré ce retrait spectaculaire, l’audience s’est poursuivie, avec les cinq prévenus présents à la barre.
Tous ont plaidé non coupable des faits qui leur sont reprochés. La Cour a également appelé neuf témoins à comparaître dans cette affaire.
La salle d’audience, hautement sécurisée avec des accès barricadés, a vu des moments de forte tension.
Olivier Boko, vêtu d’un costume bleu nuit et arborant une allure calme, a été aperçu en conversation avec ses anciens avocats avant leur départ.
Un procès scruté par l’opinion publique
L’affaire soulève de nombreuses interrogations sur l’indépendance et la transparence de la justice béninoise.
Ce procès, emblématique des luttes de pouvoir dans le pays, sera déterminant pour l’avenir des accusés.
L’image de la CRIET est aussi en jeu. Souvent critiquée pour ses décisions controversées, pas sûr que ce procès aide vraiment à lever les doutes.
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