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Writer's pictureTowanou Johannes

Bénin / dérive autoritaire : le cas Joël Aïvo dénoncé

Frédéric Joël Aïvo / Professeur de Droit


C'est un appui pour ceux qui dénoncent les dérives autoritaires du régime béninois. Le 15 août 2024, le Groupe de Travail des Nations Unies sur la Détention Arbitraire (GTDA) a publié une décision tranchée concernant la détention de Joël Aïvo, constitutionnaliste béninois et figure de l’opposition. Dans ce rapport exhaustif, le GTDA dénonce la répression politique qui pèse sur les voix critiques au Bénin et accuse le régime de graves violations des droits de l’homme. Ce document appelle à la libération immédiate d’Aïvo et affirme que son arrestation ainsi que son procès violentent les normes internationales de justice.


Une arrestation entachée d’irrégularités


Le rapport souligne que l’arrestation de Joël Aïvo s’est déroulée sans respect des procédures légales.


L’opposant a été interpellé dans des conditions qualifiées d’illégales, sans mandat préalable, une pratique en violation directe des principes républicains.


Le GTDA décrit également une confusion dans les charges retenues : initialement présenté comme un cas de flagrance, le dossier a ensuite été requalifié en instruction, reflétant un acharnement judiciaire destiné, selon l’ONU, à discréditer le constitutionnaliste.


Une justice biaisée et un procès expéditif


Le GTDA dénonce le procès de Joël Aïvo, jugé devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), une juridiction largement critiquée pour son manque d'indépendance.


L’ONU souligne l’absence de preuves tangibles contre Aïvo dans les accusations de « blanchiment de capitaux » et « atteinte à la sûreté de l’État ».


En raison de la rapidité du jugement et des incohérences de procédure, le rapport conclut que ce procès ne vise qu'à étouffer la dissidence politique au Bénin.


Conditions de détention jugées cruelles et dégradantes


Les conditions de détention de Joël Aïvo sont également scrutées dans le rapport.


Le professeur aurait passé plusieurs mois dans une cellule insalubre et surpeuplée avec 38 autres détenus, sans accès adéquat à des installations sanitaires.


Il y aurait contracté la Covid-19 dans cet environnement délétère, n’obtenant un transfert vers une cellule moins surchargée qu’après de multiples démarches.


L'isolement prolongé et les visites strictement limitées – souvent réduites à quelques minutes sous surveillance constante – sont perçus par le GTDA comme une grave atteinte à la dignité humaine.


Silence inexplicable du Gouvernement béninois


Face aux sollicitations répétées du GTDA depuis janvier 2024, le gouvernement béninois a choisi de garder le silence, refusant de fournir la moindre explication sur l’arrestation et la détention de Joël Aïvo.


Pour le GTDA, ce silence révèle un malaise profond et jette un doute supplémentaire sur l’indépendance de la justice béninoise.


Ce comportement de non-coopération est interprété par l’ONU comme une stratégie de dissimulation d’une répression politique, décrite comme une « sinistre mascarade ».


L’ONU réclame une enquête et une indemnisation


Dans sa décision, l’ONU ne se contente pas d’exiger la libération immédiate de Joël Aïvo.


Elle demande également que le gouvernement béninois ouvre une enquête indépendante sur les conditions de son arrestation, son procès et sa détention, afin de faire la lumière sur les abus constatés.


En plus de cette libération, une indemnisation est demandée pour compenser les préjudices physiques et psychologiques subis.


Cette demande d’indemnisation, soutenue par le rapport du GTDA, vise à réparer les dommages infligés par des conditions de détention inacceptables.


Une exigence de justice qui éclabousse le régime béninois


La pression internationale ne cesse de monter sur le Bénin, déjà vivement critiqué pour ses pratiques de répression contre l’opposition.


Le cas de Joël Aïvo rappelle celui de Reckya Madougou, une autre figure de l’opposition condamnée pour « actes terroristes » dans des circonstances similaires à 20 ans de prison.


Ce rapport de l’ONU, particulièrement détaillé et argumenté, expose les failles d’une justice béninoise perçue comme instrumentalisée et asservie à des intérêts politiques.





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