Le procès devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), impliquant Olivier Boko, Oswald Homeky et d'autres accusés dans une affaire de tentative de coup d'État, prend une tournure encore plus dramatique. Lors de la quatrième journée d’audience, le témoignage accablant du colonel Djimon Tévoédjrè, commandant de la garde républicaine, a marqué un tournant décisif. Mais c’est l’absence des avocats de la défense qui a d'abord alimenté les débats.
L'absence des avocats : un point de discorde
Dès le début de l'audience, l'absence des avocats des accusés a suscité une vive polémique.
Olivier Boko et Oswald Homeky, anciens piliers du régime, ont exprimé leur frustration face à ce qu’ils qualifient de blocages administratifs.
Oswald Homeky a déclaré :
« J’ai tenté de faire appel à un avocat par l’intermédiaire de mon épouse, mais il n’a pas pu me rencontrer. »
Quant à Olivier Boko, il a affirmé :
« J’ai reconstitué mon équipe d’avocats, mais des obstacles administratifs ont empêché tout contact. »
Le procureur spécial a balayé ces arguments, accusant les accusés de tactiques dilatoires.
Il a rappelé que la législation béninoise autorise la poursuite du procès en l’absence des avocats de la défense.
Le témoignage explosif du colonel Tévoédjrè
Le témoignage du colonel Djimon Tévoédjrè, commandant la garde républicaine depuis 2016, a captivé l’attention.
Responsable de la sécurité du chef de l’État, de sa famille, du gouvernement et des institutions de l’État, il a révélé des détails troublants sur les interactions avec Oswald Homeky après la sortie de ce dernier du gouvernement.
« Monsieur Oswald Homeky et moi sommes amis depuis son passage au gouvernement. Nos liens étaient très étroits, au point que je le tutoyais. À sa sortie du gouvernement, il a continué à me contacter, mais nos discussions ont pris une tournure inattendue. »
Le colonel a rapporté qu’à partir du 30 mai 2024, Homeky a commencé à critiquer le chef de l’État, évoquant même ses conditions de travail :
« Il m’a dit que j’étais le commandant de garde républicaine le plus pauvre de la planète. Il m’a également offert 5 millions de FCFA pour, selon lui, améliorer mes conditions de vie. »
Les critiques ont rapidement évolué en discussions plus graves.
Tévoédjrè a ajouté que Homeky lui avait proposé l’ouverture d’un compte bancaire à NSIA Banque pour y recevoir des fonds considérables :
« Il m’a dit que le ‘grand frère’, en l’occurrence Olivier Boko, s’en chargerait. »
Une tentative de coup d'État minutieusement planifiée
Le témoignage a révélé les détails d’un plan soigneusement élaboré pour renverser le chef de l’État.
Tévoédjrè a affirmé que Homeky avait fixé la date du 30 septembre, en tenant compte de l’emploi du temps présidentiel :
« Le coup devait être exécuté pendant que le Président était au bureau. Une somme de 1,5 milliard de FCFA était prévue pour recruter et motiver les hommes nécessaires à l’opération. »
Le colonel a également relaté un moment clé :
« Le 23 septembre, Homeky m’a montré les sacs contenant l’argent dans le coffre d’une voiture aux plaques fictives. Mais avant que je puisse les récupérer, les agents de la brigade criminelle sont intervenus. »
Une ambition affirmée
Selon Tévoédjrè, si le coup d’État avait réussi, il aurait dirigé une junte militaire jusqu’en 2026 :
« J’aurais pris les commandes jusqu’à l’organisation des élections. Homeky aurait été conseiller spécial, tandis qu’Olivier Boko serait resté en retrait. »
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