Au Bénin, Pamphile Zomahoun, Directeur des Services de Liaison et de la Documentation (DSLD) et donc chef des services de renseignement a été nommé en qualité d'ambassadeur adjoint, envoyé spécial pour Haïti à l'ambassade du Bénin à Brasilia, au Brésil. Cette nomination marque une transition significative dans la carrière de Pamphile Zomahoun, un officier de gendarmerie expérimenté. Toutefois, elle mérite d'être examinée dans le contexte plus large des développements politiques récents au Bénin.
Profil du Colonel Pamphile Zomahoun
Ancien membre du GIGN, Pamphile Zomahoun a occupé des postes clés au sein des forces de sécurité béninoises, notamment en tant que responsable de l'escorte présidentielle sous le mandat du président Boni Yayi et commandant du groupement de la gendarmerie à Cotonou.
Sa dernière fonction en tant que Directeur des Services de Liaison et de la Documentation (DSLD), et donc chef des services de renseignement du Bénin reflète son expertise et sa capacité à assumer des responsabilités de haut niveau.
Un atout pour la mission du contingent béninois en Haïti ?
De plus, le Bénin prévoit de déployer un contingent important de 1000 a 1500 policiers et militaires en Haïti pour renforcer la sécurité à Port-au-Prince, minée par la violence des gangs. Cette décision reflète la profonde histoire et les liens religieux entre le Bénin et Haïti, renforçant ainsi les relations bilatérales.
Il est à noter que le Bénin a déjà contribué à la sécurité en Haïti par le passé, envoyant des contingents dans les années 1990 et au cours des missions de stabilisation ultérieures.
Ce projet de déploiement nécessitera quelques mois de préparation avant d'être finalisé, selon des experts béninois. Ainsi, la nomination de Pamphile Zomahoun comme Ambassadeur Adjoint, envoyé spécial pour Haïti à l'ambassade du Bénin à Brasilia peut être interprétée comme une mesure visant à renforcer la coordination de cette mission à Haïti, à la fois sur les plans politiques et sécuritaires.
Un éloignement stratégique ?
Cette nomination de Pamphile Zomahoun soulève des questions sur les motivations sous-jacentes du chef de l'État béninois Patrice Talon. Ceci, en particulier à la lumière des récents limogeages de Johannes Dagnon et du départ d'autres proches du président Talon.
Johannes Dagnon, cousin et ex-conseiller spécial du chef de l'État, ancien coordinateur du Bureau d’Analyse et d’Investigation à la Présidence de la République, a été limogé le 9 avril dernier. Une décision qui a suscité des spéculations sur une possible purge politique au sein de l'entourage présidentiel notamment dans la perspective d'une bataille de succession de Patrice Talon.
Il est intéressant de noter que Pamphile Zomahoun a également eu des expériences tumultueuses sous le régime précédent du président Boni Yayi, ayant même été emprisonné, en même temps que Johannes Dagnon. Le départ coup sur coup de deux parmi les proches collaborateurs du chef de l'État a de quoi interroger.
Cette nomination comme ambassadeur adjoint pourrait donc être interprétée comme une manière pour le gouvernement actuel d'éloigner stratégiquement certains proches collaborateurs.
Alors que le Bénin se prépare à renforcer sa présence politique et sécuritaire en Haïti, il convient de se demander si les nominations diplomatiques telles que celle de Pamphile Zomahoun sont simplement des changements de carrière ou si elles reflètent des dynamiques politiques internes plus complexes.
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