Brice Oligui Nguema ; le "bon putschiste" danseur ? (vidéo)
Dans le concert des putschistes qui ont secoué l'Afrique francophone ces dernières années, Brice Clotaire Oligui Nguema, 49 ans, se distingue par une particularité qui ne laisse pas indifférent : ses pas de danse. Ces moments festifs, omniprésents lors de ses apparitions publiques, ont déclenché une vague de critiques sur les réseaux sociaux, où certains s'interrogent sur la réelle nature de son pouvoir. Mais au-delà de cette mise en scène dansante, c'est son traitement privilégié par la France qui suscite le plus de questions.
Une réception en grande pompe à Paris
Mardi 28 mai 2024, sept mois après avoir renversé son cousin Ali Bongo Ondimba, Brice Oligui Nguema entame une visite officielle de cinq jours en France.
Ce séjour, culminant avec une rencontre avec Emmanuel Macron à l'Élysée le vendredi 31 mai, a de quoi surprendre, surtout lorsqu'on le compare aux relations exécrables que Paris entretient avec les dirigeants militaires du Mali, du Burkina Faso, et du Niger.
Cette distinction flagrante nourrit le sentiment qu'il est perçu comme un « bon putschiste » par la communauté internationale, notamment par la France.
En effet, Nguema semble incarner ce que d'aucuns appellent une "démocratie sous perfusion", où les apparences priment sur le fond.
Là où le Colonel Assimi Goïta, le Capitaine Ibrahim Traoré et le Général Abdourahamane Tiani sont persona non grata en Europe, Nguema est accueilli avec les honneurs militaires, comme un président « normal ».
Cette réception particulière s'inscrit dans la droite ligne du traitement que la France lui réserve depuis son coup d'État du 30 août 2023.
Après la condamnation d'usage, Paris n'a imposé aucune sanction à son encontre, contrairement à la rigueur appliquée aux régimes militaires du Sahel.
Pourquoi une telle indulgence ? La réponse réside peut-être dans l'attitude de Nguema lui-même, qui n'a jamais affiché de virulence à l'égard de l'ancienne puissance coloniale.
Au contraire, dès décembre 2023, lors de la COP28 à Dubai, un entretien entre Macron et Oligui avait déjà jeté les bases d'une relation cordiale.
La danse : un écran de fumée ?
Alors que Nguema se livre à des pas de danse en public, ses détracteurs y voient un subterfuge pour détourner l'attention des véritables enjeux politiques au Gabon.
Comme ici où il danse sur les notes du célèbre groupe ivoirien " Espoir 2000", s'agenouillant même devant la première dame:
Quelques jours avant, c'était sur des pas du "Ndombolo" congolais que le président gabonais donnait des coups de reins, vêtu de son uniforme de Général et devant ses troupes.
Chaque mouvement pourrait être interprété comme une manière de masquer une transition qui, loin de restaurer la démocratie, en exacerbe les limites.
Cette popularité, savamment orchestrée, ne serait-elle qu'un écran de fumée destiné à faire oublier la réalité du pouvoir en place ?
Qu'en est-il de la démocratie réelle, celle qui va au-delà des applaudissements orchestrés et des sourires de façade ?
Le paradoxe de la popularité
Nguema bénéficie d'une certaine popularité, non seulement au Gabon mais aussi sur la scène internationale.
Pourtant, cette popularité soulève des questions sur la nature du soutien dont il bénéficie.
Est-ce vraiment une reconnaissance de sa légitimité ou un simple réflexe de la communauté internationale de se rapprocher de ceux qui semblent le plus accommodants ?
Ce soutien tacite pourrait, en réalité, saper les aspirations démocratiques réelles du peuple gabonais.
L’Afrique face à ses contradictions
Le contraste entre le traitement de Nguema et celui réservé aux putschistes du Sahel pousse à une réflexion plus large sur la manière dont l'Afrique est perçue et gouvernée.
Une Afrique véritablement souveraine est nécessaire, une Afrique libérée de la tutelle des anciennes puissances coloniales.
Une Afrique débarrassée des élites locales qui, souvent, préfèrent la reconnaissance extérieure à l'intérêt de leurs peuples.
Brice Oligui Nguema, par ses danses, illustre un paradoxe de la démocratie africaine contemporaine. Sa posture publique semble en décalage avec les aspirations profondes de nombreux Africains qui attendent des dirigeants capables de bâtir une souveraineté véritable, plutôt que de simplement danser au rythme imposé par l'extérieur. Mais dans cette danse diplomatique, c'est l'avenir du Gabon, et peut-être de l'Afrique, qui se joue.
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